Place au Peuple

mercredi 28 janvier 2015

Selfie-graphie...


         L'édition du 27/01/2015 des DNA consacre dans son cahier région une pleine page à une pratique sociale contemporaine d'une grande banalité, l'autoportrait mis en ligne (le selfie), posant question quand elle se joue sur toile de fond d'un lieu de mémoire (le Camp du Struthof). Dans un article particulièrement documenté, Manuel Plantin trente une analyse de cette pratique observée chez les jeunes visitant le camp de la mort. Il donne la parole à un enseignant (Sébastien Soster), à une chercheuse en communication et sociologue (Joëlle Menrath), au chargé de comm. du Centre Européen du Résistant Déporté (Michaël Verry), au délégué régional du Conseil Représentatif des Institutions Juives de France (Pierre Lévy), au psychiatre et président du Cercle Menachem Taffel (Georges Yoram Federmann), ainsi qu'à un lycéen français et un lycéen allemand. 
 
          Les apports des différents intervenants sont des plus intéressants et je dois dire, pour avoir été personnellement marqué dès mon enfance par les drames des camps du Struthof et de Schirmeck, que cet article mérite de ne pas être lu à la va-vite. Bien sûr, il y aurait d'autres approches possibles du sujet. Bien sûr, il aurait fallu plus laisser s'exprimer les jeunes. Mais si l'on veut considérer l'article de Manuel Plantin comme une amorce de réflexion et non une somme de connaissances, il est suffisamment documenté pour initier le mouvement neuronal devant logiquement aboutir à une prise de conscience et un positionnement individuel pour chaque lecteur...
 
          J'en retiendrai plus particulièrement le point de vue de Georges Yoram Federmann, qui fut l'un de mes enseignants durant ma formation professionnelle : "Beaucoup de nos gosses ressentent une injonction mémorielle. Les adultes attendent d'eux qu'ils fassent mémoire, à notre façon. Dans le recueillement, la solennité, sur le mode que nous connaissons et pratiquons. Mais les jeunes ne sont pas dupes de cette pression. Et le selfie peut être un moyen pour eux de donner sens à leur visite, de l'inscrire dans leur cheminement, mais sur un mode propre. Ils sont là et ils sont du côté de la vie.". Donner symboliquement sens à la visite quand la visite guidée a par nature un sens de la marche imposé, me semble des plus nécessaires pour s'en approprier les contenus et à plus forte raison si les jeunes sont sous la pression d'une injonction mémorielle incontournable. Ces jeunes qui sont, comme il le souligne, du côté de la vie emploient pour constituer leur identité et forger leur légende personnelle,  les moyens de communication d'une époque qui est aussi la notre, rappelons-le.
 
          Opposer les  générations relève de la fabrication d'un communautarisme aussi crétin que l'opposition des origines. Nous faisons tous partie d'une même communauté humaine, nous sommes tous de la même espèce et personne n'échappe à potentialité de participer à la barbarie. Cependant, l'être humain étant aussi capable du meilleur, l'approche humaniste doit nous tirer vers le haut. Conscients de la nécessité de ne pas aborder la pratiques des selfies comme un problème et d'être présent en ligne pour parler au jeune public connecté, le Centre Européen du Résistant Déporté va dans l'immédiat y consacrer une page dédiée sur Facebook dès le 01/03/2015, l'ouverture d'une site mobile devant se réaliser d'ici deux ans.
 
 
Jn-Mc  
 
    

Source Illustration :
- DNA 27/01/2014 page 11

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