Place au Peuple

lundi 31 décembre 2018

Que du bonheur !

Salut & Fraternité,

          Que souhaiter et espérer de mieux pour 2019 si ce n'est du bonheur, encore et toujours plus de bonheur ? Loin du fameux slogan de 1989 du Club Med "Le bonheur, si je veux." nous voilà rendus trente en plus tard, grâce au travail de sape de la psychologie positive fondée en 1998 à quelque chose du genre "Le bonheur, si t'es cap'.". L'industrie du bonheur, que la sociologue Eva Illouz et le psychologue Edgar Cabanas appellent happycratie, a  pris le contrôle de nos vies. Il faut penser positivement, savoir rebondir, 90% de notre bonheur dépend de facteurs personnels, tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort, etc... Combien de fois entendons-nous cette tourlitaine culpabilisante tout au long de l'année ! 

          La psychologie positive est un parfait supplétif du capitalisme. Rabâcher aux gens que leur bonheur ne dépend que d'eux-mêmes, que les pires embûches sont à considérer comme de magnifiques opportunités revient à signifier qu'il n'y a pas de problèmes structurels, politiques et sociaux mais que des déficiences psychologiques individuelles pouvant être améliorées. Selon Eva Illouz, "La tyrannie du bonheur fait en effet peser sur l'individu tout le poids de son destin social.". Il revient à chacun de fabriquer son bonheur et s'il n'y parvient pas il en est pour l'essentiel responsable.

        En 2017, lors de la réunion de l'Association Américaine de Psychologie (APA), Oksana  Yakuschko, psychologue californienne affirmait : "On dit aux patients issus des minorités victimes de discriminations qu'il faut qu'ils mettent l'accent sur le positif. S'ils n'en sont pas capables, ils sont les artisans de leur malheur.". Encore plus intéressant car faisant écho au traitement médiatico-politique dont ici une partie de la population et notamment les Gilets Jaunes sont l'objet, elle précise "C'est la même chose pour les déplorables, les partisans de Donald Trump, dénoncés par Hillary Clinton : comme ils sont fâchés, ils sont sûrement racistes, il y a quelque chose de dérangé dans leur personnalité. Au lieu  de s'intéresser à la vie des déplorables, on condamne leur colère." Et de conclure : "La psychologie de la positivité est vraiment une dictature quand elle prend trop de place."....

Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.


Jn-Mc

 Source Illustration : k00Is

dimanche 30 décembre 2018

Mortecouille, voilà les Cache-Cols Cramoisis !

Salut & Fraternité,


          Vous en avez soupé des gueux défilant en cardigans flavescents et en ordre dispersé ? Vous n'en pouvez plus de ces illettrés qui puirent et occupent maints ronds-points ? "Montjoie, Saint Denis, que trépasse si je faiblis, fulmine Godefroy de Macmirail suivi de son fidèle Castaouille, je m'en vais lever de ce pas une armée de cache-cols cramoisis qui, par le truchement d'enchanteurs médiatiques, ferra marcher ces marauds en ordre serré et libérera les voies apiennes du royaume de ces vilains refusant, quelle injustice, de payer impôt, taille, gabelle, dîme et tonlieu !"

          Mouvement de génération spontanée qui n'a strictement rien à voir avec les fêtes ibériques de San Firmin, les Foulards Rouges, se prétendant apolitiques eux aussi, vont à contrario des Gilets Jaunes, dès le 27ème jour de l'An de Grâce 2019ème manifester publiquement leur soutien au monarque jupitérien régnant sur 67,12 millions de Gaulois réfractaires au changement dont quelques cyniques, fainéants, ouvrières illettrées, gens qui ne sont rien et nombre de pauvres voyageant en autobus, le train étant trop cher pour eux alors qu'on met un pognon de dingue dans les minimas sociaux. Oui ma p'tite dame, on va vous débarrasser de cette racaille mais pas au Karcher, méthode d'un autre temps où les billes de flash-ball volaient en dessous de la ceinture. Les Foulards Rouges déposent des fleurs là où les Gilets Jaunes mettent le feu. 

          Le rouge, les fleurs, ça fait un peu Révolution des Oeillets tout ça, ou plus exactement Révolution des Oeillets Inversée car à l'instar du Sarkhomme de Neuilly, le Golden Boy Élyséen n'est pas à ça près en matière de récupération des symboles du progressisme recyclés immédiatement au profit de la régression sociale. Tudieu, mortecouille, ainsi va la vie au Royaume de Macronie où le peuple indocile se voit privé de beurre sur ces macaronis !




Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.


Jn-Mc

 Source Illustration : Pauvrefrance

vendredi 28 décembre 2018

Nueva Constitución Cubana - Viejo Engaño Americano

Salut & Fraternité,

          Comme l'explique Jose Manzaneda dans Razones de Cuba, les media mainstream diffusent en choeur et tour de bras l'alternative fact selon quoi Cuba fermerait ses portes au mariage homosexuel  alors que Miguel Diaz-Canel affirmait en Septembre que "reconnaître le mariage entre les personnes, sans limitations, répond au problème d'éliminer tout type de discrimination dans la société". Prenant leurs désirs pour des réalités, ces fabricants d'opinion publique, avancent que l'Article 68 de la nouvelle Constitution Cubaine, adoptée récemment après trois mois de débats et de consultations populaires, a été modifié pour en abroger la mention précisant que le mariage est une "union entre deux personnes" sans mentionner de différence de sexes. Or le contenu de cet Article 68 se trouve dans le nouvel article 82 de la version révisée où le mariage est définit comme "une des formes d'organisation de la famille" organisation fondée sur "l'égalité des droits et la capacité juridique des époux", leurs sexes n'étant pas précisés.

          Par ailleurs, l'annonce de l'ouverture d'un débat public visant à définir dans deux ans la famille et le type de personnes susceptibles d'être mariées a très certainement provoqué l'émergence des fantasmes les plus conservateurs chez les cul-bénits étasuniens ! De plus la nouvelle constitution assure un maximum de soutien juridique aux unions non-maritales qui sont dans le pays majoritaires. En regard de tout ceci, où est donc le fameux  "coup dur pour la communauté LGBT de l'île" ? Quid de la cuisante "défaite politique pour Mariela Castro" ? Cette campagne de désinformation propagée par une certaine médiacratie oublie  de préciser que cette nouvelle constitution va être soumise à référendum le 24 Février 2019. C'est plutôt pas mal pour une affreuse dictature communiste forte de 11 millions d'habitants endoctrinés quotidienneme et dont les 9 millions d'électrices et électeurs ont, comme chacun sait, à chaque votation un revolver pointé sur la tempe histoire de ne pas oublier où est leur intérêt...  

Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.


Jn-Mc

 Source Illustration : AJ+
Source Information : Razones de Cuba 


jeudi 27 décembre 2018

Cachez ce Benalla que je ne saurais voir !

Salut & Fraternité,

          Il court, il court Benalla. Il est passé par ici. Il repassera par là. Il court, il court Benalla... Non content d'avoir défrayé la chronique politico-judiciaire durant l'été, ce pur produit de la Macronie Triomphante qui est allé jusqu'à s'autoriser à insulter les sénateurs, dénonce maintenant des propos élyséens qu'il juge diffamatoires suite à son récent voyage au Tchad juste avant le déplacement officiel de Son Altesse Sérénissime. Un prétendu voyage d'affaire qui embarrasse bien ceux du château sis 55 rue du Faubourg Saint-Honoré et comme le sparadrap du Capitaine Haddock colle obstinément aux shoes en croco du Grandissime Matamore de Salon. En fait la créature échappe au contrôle de son créateur. Plutôt classique pour ceux qui s'autoproclament du nouveau monde. 

          Quand un sinistre personnage de cet acabit parvient à narguer à ce point les lois et les institutions de la République on peut aisément mesurer le degré de putréfaction de notre société qui condamne fissa celui qui vole de la nourriture car il crève de faim mais laisse aller et venir en toute liberté celui dont l'insatiable appétit de gloriole faisait même trembler les policiers. En fait la Start-Up Nation c'est ça : des arrivistes nombrilistes prêts à marcher sur des cadavres et mordre la main qui les nourrit. Il y a dans la Macronie autant d'éthique et de morale que dans une salle de marché. Les golden-boys et golden-girls sont aussi impitoyables que les conquistadors à la recherche de l'Eldorado. Rien ne leur résiste et ils se fichent de tout, excepté de leur réussite personnelle. Ce n'est pas avec de petites ambitions qu'on devient un grand homme et je veux croire que l'Histoire ne les acquittera pas.

Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.


Jn-Mc


 Source Illustration : Résistance Inventerre

mercredi 26 décembre 2018

Etienne, Etienne, Etienne...

 Salut & Fraternité,

          Lectrices et lecteurs d'Outre-Ligne-Bleue-des-Vosges et d'ailleurs, tranquillisez-vous, je ne vais pas vous narguer et faire le malin car, comme dans d'autres corps de métiers et bien que résidant en Alsace, je travaille aujourd'hui, comme la plupart d'entre vous ! Contrairement à ce qu'affirme la petite illustration de cet article, c'est en Alsace-Moselle et non seulement en Alsace que le 26 Décembre est férié, mais aussi en Estonie, en Lettonie, en Lituanie, en Pologne, au Grand Duché du Luxembourg, en Angleterre, au Pays de Galles, en Suisse et forcément en Allemagne. Jour chômé datant de leur rattachement à l'Empire Allemand en 1871 les Alsaciens et Mosellans, une fois revenus dans le giron de la République Française en 1918, refusèrent de renoncer à cet avantage octroyé par le Kaiser car l'esprit de la Loi de 1905 ne les habitait pas vraiment. Idem pour le Vendredi Saint, que d'autres pays chôment également ! 

          Mais la Saint Etienne ne me renvoie pas qu'à un jour férié. Historiquement, Etienne fut le premier martyr chrétien. Prédicateur de talent, il ne craignait pas de s'en prendre aux membres  du sanhédrin pour dénoncer leur dureté de coeur. Un peu comme le Che dénonçant les méfaits de l'impérialisme en Assemblée Plénière à l'ONU le 11 Décembre 1964. Pour Etienne l'affaire plus vite conclue car il ne fallut pas trois ans pour que les forces réactionnaires le mettent à mort. Saint Etienne, c'est aussi la Manufacture Française d'Armes et de Cycles de Saint Etienne plus connue sous le nom de Manufrance dont, étant gamin, j'attendais chaque année le catalogue sur lequel mon père commandait... outils et vêtements de travail. Saint Etienne c'est, évidemment pour un ex-adolescent des seventies, l'Association Sportive Saint Etienne (ASSE) d'où sont issus les rois du ballon c.a.d les Verts qui dominèrent le football français de 1962 à 1982. Et puis Saint Etienne c'est... "San Francisco", la chanson de Maxime Le Forestier sortie en 1972, bien avant "Etienne" de Guesh Patti sortie en 1987. Enfin Etienne c'est un certain Etienne, noble acquéreur des terres arables sises au Sud de la ville de Brumath qui devinrent Stephansfeld où il créa une maison de charité qui fut de 1216 à 1772 la Commanderie de l'Ordre Hospitalier du Saint Esprit pour se transformer en Asile d'Aliénés en 1835 appelé aujourd'hui EPSAN...    

Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.
Jn-Mc
 Source Illustration : JDS

mardi 25 décembre 2018

Karl Barth, der rote Pastor.

Salut & Fraternité,

          Il y une demi-siècle disparaissait le 10 Décembre Karl Barth, théologien suisse de renommée internationale. Né à Bâle en 1886, il passe sa jeunesse dans la capitale confédérale. Issu d'une famille comptant de nombreux universitaires il étudie la théologien à Berne puis à Berlin, Tübingen et Marburg. Nommé en 1911 pasteur de la paroisse de Safenwill, dans le canton d'Argovie au Nord de la Suisse alémanique, il est témoin de la réalité du travail en usine et de nombreuses injustices. C'est là qu'il s'engage dans le courant du christianisme social et s'inscrit au Sozialdemocratische Partei der Schweiz (SPZ) créé en 1888 et dont un réfugié dénommé Vladimir Illitch Oulianov est aussi membre. Suivant de près le déroulement de la première Guerre Mondiale, il déplore le positionnement nationaliste des Eglises optant pour la facilité du suivisme de l'esprit du siècle au détriment de l'approfondissement de la réflexion théologique. D'où son "Der Römanerbrief", long commentaire de l'Epître aux Romains qui dès sa première publication en 1919 lui vaudra l'hostilité de nombreux confrères. Il est alors invité par l'Université de Göttingen (Allemagne) pour y enseigner la théologie réformée. Nommé ensuite à Münster (1925) puis à Bonn  (1930), il est révoqué par les autorités nazies en 1934 et rentre à Bâle où il enseigne jusqu'en 1962.

         Habituellement encensé pour son talent de théologien mais peu mis en lumière pour la personne qu'il était, l'homme Karl Barth apprécierait très certainement qu'on le ré-humanise. Il naît et grandit dans une famille protestante bâloise on ne peut plus classique et petite-bourgeoise. Très marqué par un père théologien, ce dernier n'est pas étranger à sa vocation pastorale. Dotée d'une forte personnalité, sa mère va jusqu'à briser la relation amoureuse qu'il entretient avec Rözy Münger et s'ingénie à le faire tomber entre les mains de Nelly Hoffmann, une jeune fille issue d'une grande famille bâloise. Un mariage malheureux duquel naissent tout de même cinq enfants. Karl entretient une longue relation ambiguë avec sa secrétaire Charlotte von Kirschbaum ce qui fait dire à Denis Müller, l'un de ses biographes, que "les archives disponibles montrent qu'il aurait voulu vivre un ménage à trois". Détesté par la bourgeoisie bâloise, son rapprochement du milieu ouvrier en 1911 lui fabrique une réputation de pasteur rouge. Très engagé dans le christianisme social, allez savoir pourquoi, il n'atteint pas le grade suprême de docteur en théologie ! 

          Karl Barth influence cependant des penseurs tels que Dietrich Bonhoeffer (1906-1945) anti-nazi actif  qui y laissera sa vie et Jürgen Moltmann  (né en 1926) l'actuel théologien de l'espérance qui commença, au décours de la Seconde Guerre Mondiale, par perdre tout espoir et confiance dans la culture allemande en raison d'Auchwitz et de Buchenwald. Plus jeunes que lui, ces derniers n'ont pas eu à se positionner durant la Première Guerre Mondiale, autre époque sinistre durant laquelle il voit dans la soumission des théologiens libéraux au Kaiser une trahison de la mission initiale de l'Eglise, à savoir annoncer l'Evangile et c'est tout. Il est en 1934, avec Dietrich Bonhoeffer (1906-1945) et Rudolf Bultmann (1884-1976), l'un des principaux rédacteurs de la Déclaration Théologique de Barmen qui fonde l'Eglise Confessante par opposition à la Deutsche Reichskirche  pronazie tenue par les Deutsche Christen majoritaires dans le pays. Ainsi, la théologie Barthienne cultive-t-elle une dimension sociale et politique clairement à gauche, ce qui lui fait dire après l'annexion de l'Autriche en 1938 que "quiconque prend les armes contre Hitler combat pour l'Evangile". Enseignant à la l'Université de Bonn, il refuse de prêter serment d'allégeance au Führer, ce qui est exigé de tout fonctionnaire ou assimilé. Sa révocation l'oblige alors à rentrer à Bâle où il termine sa vie non sans remous. En effet, plus engagé dans l'aumônerie de la prison que dans la prédication du haut de la chaire de la cathédrale il demeure fidèle au christianisme social. Pire encore pour la bonne société bourgeoise, il refuse d'établir un parallèle entre nazisme et communisme, le premier étant bâti sur la prétendue supériorité d'une "race" sur les autres et le second issu d'un idéal de fraternité. Si le communisme a connu certaines dérives dues à son instrumentalisation par des individus ou des groupes d'individus se trouvant à l'opposé de son essence, le nazisme contient dans son patrimoine génétique les exactions dont il se rend coupable dès les premiers instants de son existence.   


Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.


Jn-Mc

 Source Illustration : 133RF

lundi 24 décembre 2018

Le téléphérique

Salut & Fraternité,

        Ce soir c'est le réveillon de la Noël, comme ils disent en Provence, alors histoire de changer radicalement de climat et de culture, je vous invite par le truchement d'une édifiante nouvelle de l'inénarrable Sylvain Tesson intitulée Le téléphérique, à gagner de l'altitude et à perdre des degrés Celcius pour vous retrouver à Zermatt :  


          "Il flottait dans le chalet l'odeur joyeuse du boudin. Le feu de bois se reflétait dans la glaçure des beignets. La nappe disparaissait sous les assiettes à motifs de rennes lapons, les pains d'épice luisaient. Les couronnes de l'Avent hérissées de quatre bougies rouges, quatre tours de cire, attendaient l'allumette. Des sucres d'orge pendaient aux branches du sapin que Gretel et Hans, douze et neuf ans, obèses tous les deux, ensevelissaient sous les guirlandes. Les arbres sont des saints : ils se laissent persécuter en silence. 

          Le chat, lui, s'était caché. Le Cervin déployait ses arêtes, il encadrait dans la fenêtre ses ailes de chauve-souris pétrifiées. Sa masse d'encre envahissait le ciel. Quelques heures auparavant, les faces schisteuses, balayées de traits pastel par les rayons du couchant, s'étaient reflétées dans l'argenterie, souveraines, silencieuses, nourries d'alpinistes qui avaient prétendu égratigner le rocher noir de leurs parois. À présent, seul le sommet s'éclairait d'un capuchon de lumière. Greta, la maman de Gretel et Hans, achevait de fourrer les caillettes. Elle résistait à l'envie de goûter à sa farce aux pruneaux : elle avait pris huit kilos depuis la Toussaint et luttait depuis lors contre le désir morbide d'enfourner des choses dans sa bouche. Il lui fallait encore préparer les coquillages, remplir les cassolettes de cèpes, mettre la bière de Noël au frais et transvaser le vin de miel dans les carafons de cristal, pour l'éventer. Afin de se donner du cœur, elle écoutait un groupe de yodeleurs tyroliens. Ces chanteurs en short de cuir avaient réussi l'exploit de traduire en musique la dégoulinade de la crème. 

         Dans quelques heures, parents et cousins arriveraient. Tout serait prêt. Comme chaque fois, comme à chaque Noël. Un traîneau glissa devant les fenêtres. Des rires fusèrent. Des gens crièrent des noms anglais, ils retenaient dans leurs moufles des paquets de couleur griffés de noms de couturiers. Tout à l'heure, sous les sapins, des mains blanches et fines ouvriraient des écrins Cartier et des boîtes orange Hermès. Zermatt vibrait des préparatifs de la fête. Noël était la plus parfaite entreprise de détournement spirituel de l'histoire de l'humanité. On avait transformé la célébration de la naissance d'un anarchiste égalitariste en un ensevelissement des êtres sous des tombereaux de cadeaux. Pour quelques heures, en ce 24 décembre, l'immense névrose européenne de l'après-guerre s'octroyait un répit, le temps d'ouvrir des paquets dans un bruit de mandibules d'insecte.

           Dans le chalet, il faisait 27°C. Le foie gras exsudait. Sur le bloc rose, les gouttes de graisse perlaient. C'était la même rosée qu'au-dessus de la lèvre supérieure de Greta. L'horloge de l'église sonna. « Déjà 5 heures? Étrange qu'ils ne soient pas rentrés », se dit Greta, à la vingt-cinquième huître. 

          Hans-Kristian Kipp, pharmacien bavarois, passait ses vacances de Noël à l'hôtel Mirabedau depuis quinze ans. Il introduisit une pièce de 5 francs suisses dans le télescope et le braqua sur le Klein Matterhorn. La cime du petit frère du Cervin était dans l'ombre elle aussi. On distinguait cependant le métal de la cabine du téléphérique. Elle oscillait au creux de la courbe du câble, entre deux pylônes meringués de glace. Kipp étouffa un juron. La silhouette d'un homme venait d'apparaître sur le toit de la benne, au-dessus du vide. Il était 5 h 10. Il faisait presque noir." 

          Pour lire la suite veuillez vous rendre sur le site d'Isabelle Foreau intitulé  L'être en lettres et cliquez juste là pour accéder à la page de son Calendrier de l'Avent afin de retrouver ici l'intégralité du texte... 

Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.


Jn-Mc

 Source Illustration : Babelio

dimanche 23 décembre 2018

Apolitique... vous avez dit apolitique ?

Salut & Fraternité,

          Ils créent et diffusent des pétitions, remplissent des cahiers de doléances, occupent des ronds-points, ouvrent des barrières de péages, manifestent en province et à Paris, exigent la démission du Président de la République mais... ne font pas de politique ! Ben ouais quoi, la politique c'est bon pour les corrompus et les arrivistes, ma pauv' dame. On sait bien que ça ne sert strictement à rien d'autre qu'à l'enrichissement personnel, la politique. Jean Jaurès, s'il n'avait pas été assassiné, serait devenu millionnaire. Simone Veil s'est considérablement enrichie avec sa légalisation de l'avortement. Jean Leonetti est devenu plus célèbre qu'une rock star suite à sa loi relative aux droits des malades et à la fin de vie. Louise Michel est revenue de Nouvelle Calédonie propriétaire d'une immense mine de nickel. Tout le monde sait ça ! 

          La politique est aux Gilets Jaunes  ce que la prose était à Monsieur Jourdain : ils en font sans le savoir. Mieux encore : sans rien en vouloir savoir et surtout pas en connaître ! Pourtant, il en est plus d'un-e qui téléguident cette légitime colère à des fins infiniment... politiques. Cette dernière concernant l'organisation de la société, des affaires de l'Etat et de leur conduite, donc en clair ce qui est au coeur des revendications des Gilets Jaunes.  Cerise sur le gâteau, les médias mainsteam donnent essentiellement la parole à celles et ceux qui se prennent les pieds dans le tapis de contradictions de ce positionnement prétendu apolitique alors qu'il y en a d'autres plus pointus en matière d'analyse et d'argumentation mais les faire intervenir publiquement serait infiniment moins fun. Dans son roman intitulé "Les Mandarins", Simone de Beauvoir faisait dire en 1954 à Henri Perron, clone intellectuel d'Albert Camus : "Mais les types qui se déclarent apolitiques, ce sont des réactionnaires, fatalement.". La colère du peuple, quand elle est à plus forte raison légitime, demeure facilement instrumentalisable et manipulable. 

          Dans l'hypothèse d'une abdication macronique et/ou d'une dissolution de l'Assemblée Nationale quelle serait alors la couleur dominante du pays suite à de nouvelles élections ? Le rouge ? Le rose ? Le vert ? Le bleu ? Rien moins que le brun et si vous n'en êtes pas convaincu-e-s, lisez donc la chronique de Pierre Serna intitulée Yellow submarine... publiée le 21/12 dans l'Huma où il écrit "De deux choses l'une, ou bien par un miracle qui se fait attendre la gauche sait se réunir, se réinventer, s'unir et propose un programme clair aux gilets jaunes qui comprendront où sont leurs intérêts politiques, ou bien nous allons tout droit au fond des abysses avec les gilets jaunes plombés qui, quelles que soient leurs différences hétéroclites, voteront pour beaucoup d'entre eux, afin d'exprimer leur rage sociale et culturelle, pour la bête immonde et brune.". Renvoyant à l'excellente analyse de Zev Sternhell, "trop méconnu et toujours peu apprécié en France, pour avoir prouvé l'existence d'une droite révolutionnaire française à l'origine du fascisme européen, ce que les historiens patentés de Sciences-Po ne lui pardonneront jamais, et que les bien-pensants balayent d'un revers de main.", il tire la sonnette d'alarme mais y a-t'il encore suffisamment de femmes et d'hommes de bonne volonté pour l'entendre ? C'est vrai enfin quoi "...la France à l'origine du fascisme ? Allons ! Nous ne sommes pas des barbares nordiques et germains ou des sauvages méridionaux et italiens...". 

Que celui qui a des oreilles pour entendre entende. 



Jn-Mc

 Source Illustration : Facebook

vendredi 21 décembre 2018

Pauvre Ghosn !

Salut & Fraternité,

         Les actes successifs de la tragédie des Gilets Jaunes nous l'aurait presque fait oublier car il a été arrêté à Tokyo le 19/11, surlendemain de l'Acte I des mobilisations des porteurs de camisoles flavescentes. La coqueluche des Nippons s'est faite serrer pour soupçons de malversations financières alors qu'en France les gueux manifestaient d'abord contre les taxes et ensuite pour quelques Dollars de plus. Lui qui était tellement habitué au haut de l'affiche où il tutoyait les étoiles s'est brutalement retrouvé dans un cul de basse fosse du Pays du Soleil Levant. Fini les interviews par des journalistes de publireportage et autres cireurs de pompes car voici venu le temps des interrogatoires menés par la police. Fini le temps des working breakfasts livrés par les meilleurs traiteurs, des déjeuners d'affaires dans les meilleurs restaurants et des dîners de gala dans les palaces car voici venu le temps des trois bols de riz quotidiens. Dieu(x) qu'il a dû souffrir le pauvre Ghosn !

          Qu'il a dû souffrir car la nouvelle est tombée hier sur les téléscripteurs, comme on disait avant l'invention de l'Internet, il devrait très probablement être li-bé-ré de sa cellule de 6,5 m2 du Centre de Détention de Kosuge où durant un long mois il a vécu dans une austérité toute monacale. Libéré contre payement d'une caution à déterminer s'entend car le procès reste à venir. Ben ouais quoi, omettre de déclarer 5.000.000.000 de Yens c.a.d 39.224.366,35 d'€ selon le cours du 20/12/2018 ça signifie avoir les moyens de verser une caution garantissant la liberté conditionnelle ! Près de 2.845 années de SMIC, c'est pas juste une aumône. Carlos Ghosn voit grand, pèse lourd, enfin un peu moins depuis son mois de cure amaigrissante, il doit donc valoir cher !

          Ben oui mais non, c'est à se demander s'il y a encore une justice des riches et une justice des pauvres dans ce pays ! Ah mais c'est vrai, j'avais oublié que l'affaire se déroule dans une monarchie constitutionnelle d'Extrême-Orient et non au sein d'une république occidentale se targuant d'avoir abolit les privilèges ! Alors qu'il s'attendait à être li-bé-ré le pauvre chéri va devoir, suprême affront, passer encore dix jours en zonzon donc pas de Noël au balcon car la justice nippone, que les possédants estiment désormais anti Ghosn, vient de déposer dans ses petits souliers un troisième chef d'inculpation.     Il ne passera pas Noël avec ses proches ce cher homme connu pour son sens aigu de la solidarité familiale : 1.700.000 de $ versés par Nissan à sa soeur en échange d'aucun travail effectif, c'est du même acabit mais encore plus généreux que les modestes 813.440 € bruts encaissés par cette pauvrette de Penelope Fillon. Qui ne serait pas ému face à une telle manifestation d'un si parfait amour fraternel ? Carlos Ghosn n'est pas qu'un homme d'affaire mais aussi un bon samaritain ne manquant pas de ressources et dont les multiples talents vont encore être révélés par l'enquête car comme chacun sait "Il se passe toujours quelque chose à la samaritaine." !     



Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.

Jn-Mc

Source Illustration : France Inter

jeudi 20 décembre 2018

RIC et nunc ?

Salut & Fraternité,

          Revendication non princeps des Gilets Jaunes le RIC, entendez Référendum d'Initiative Citoyenne, en devient le leitmotiv ad nauseam. Et pourtant que ces trois mots, pris isolément, sont doux ! Référendum, du latin "ce qui doit être rapporté", ça fait très démocratique. Initiative, qui en l'occurrence n'a rien à voir avec le syndicat du même nom, ça fait très start-up nation. Populaire, qui a très peu à voir avec la pop culture, ça envoie du pâté chez les poooooo_po-po-po-po_poo_poooo_populistes. D'ailleurs le terme plaît tellement à la droite capital-friendly européenne qu'elle l'a repris en bleu et or pour nommer dès 1976 sa formation politique PPE.

          J'sais pas vous, mais moi cette histoire me laisse on ne peut plus songeur... pour ne pas dire cauchemardeur. Qui soutient mordicus la nécessité de ce RIC dont les Gilets Jaunes n'ont cependant pas le monopole ? Qui est, à ce propos, l'inspirateur des pasionarias des ronds-points et des tartarins des barricades ? Jean Jaurès ? Victor Hugo ? Périclès ? Que nenni, foin d'illustres défunts mais le bien vivant Etienne Chouard soutien assumé d'Alain Soral, en clair une engeance d'extrême-droite au service des puissances d'argent qui se sert de la démocratie pour arriver au pouvoir et une fois en place muselle, voire même, extermine toute opposition. Mais Etienne Chouard, contrairement à la fille du nazie-nostalgique qui ne fait pas dans le détail, il est très propre sur lui, lisse, bien élevé et surtout... il connaît ses dossiers ! Si ces gens veulent le Référendum d'Initiative Populaire c'est pour mieux berner le peuple afin de le conduire, antiparlementarisme aidant, à marche forcée vers la régression sociale et s'exonérer de toute responsabilité en invoquant le principe sacré de la "vox pupuli vox dei". Ces immondes portes-flingue du capitalisme sont à vomir mais ils réussissent admirablement à faire avaler des couleuvres de plus en plus grosses à toujours plus de monde...

          Quid des Gilets Jaunes dont une partie seraient rouges, selon une enquête publiée hier par l'Humanité ? Environ 15% de "à Gauche" jusqu'à "très à Gauche" et 7,22% "très à Droite" ça peut sembler intéressant malgré les 50,76% "ni à gauche - ni à Droite" et les 19,39% qui ne se prononcent pas. Mais le Ni Droite Ni Gauche en France on sait ce que ça signifie. Pour celles et ceux qui l'ignorent veuillez vous référer à l'excellent ouvrage de Zev Sternhell. Une fois le "bon" peuple bien endoctriné ça peut basculer très vite. Alors que les Gilets Jaunes vraiment rouges tombent la veste et virent franchement à Gauche pour s'engager dans la lutte démocratique avec les forces politiques de Gauche. Quant aux dites forces de Gauche, ils serait grand temps que certains de leurs plus grands communs diviseurs mettent un terme à leurs dérives populistes, notamment l'imbuvable Corbière qui ne reculant devant rien soutient le RIC jusqu'à son application pour la remise en cause du Mariage pour Tous. Le RIC ici et maintenant, dans le climat actuel, ne nous y trompons pas, c'est offrir une magnifique piste d'envol à l'extrême-droite. Par contre un contrôle plus étroit de l'activité des élu-e-s, des mandats non cumulables et renouvelables seulement une fois, la possibilité effective de révoquer des élu-e-s impliqué-e-s dans des affaires ou changeant d'appartenance politique en cours de mandat ça c'est de la démocratie. Nous n'avons pas besoin de moins d'élu-e-s mais d'élu-e-s moins confortablement installé-e-s dans leurs fauteuils.

Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.


Jn-Mc

 Source Illustration : Huffingtonpost

mercredi 19 décembre 2018

Du jaune au jaunasse...

Salut & Fraternité,

          Le jaune, maintes fois à la une des actualités depuis des semaines, n'est pas juste une couleur ou juste un mot. Comme en témoigne une étude de la professeure Adela-Marinela Stancu enseignant à la Faculté de Lettres de l'Université de Craiova en Roumanie, le champ sémantique de ce mot est très large. Peut-on, en regard de son histoire et de l'actualité, affirmer que "Jaunir, c'est mûrir un peu !" ? Rien n'est moins sûr...

          Couleur primaire la plus chaude, assimilée à celle su Soleil elle symbolise la puissance des divinités d'où ses connotations positives reliées à la fête, la joie, la vie et le mouvement. Associée en Occident à la richesses (or) en Chine elle fait aussi référence au pouvoir et à la sagesse d'où son opposition au noir avec lequel elle s'associe pour former les deux couleurs du sang du Dragon démiurge. Au Moyen-Âge, sous l'influence de l'Église Louis IX (1214-1270), plus communément nommé Saint Louis, obligea les Juifs à porter une rouelle jaune en signe d'infamie car considérés comme les alliés des Musulmans durant les Croisades (1095-1291) ce qui au XXe s. inspira forcément les Nazis. L'expression "jaune" signifiant "traître" remonte au XVe s. d'où au XVIe s. l'usage de peindre en jaune la porte de leur domicile. 

          Synonyme (teint jaune) et symbole de maladie (pavillon jaune pour le navire quarantaine) il renvoie aussi à la gêne d'où l'expression "rire jaune". Valorisé au XXe s. comme signe de la renaissance printanière (mimosa) et des richesses naturelle ( blé, maïs, miel,...). Avec le mauve il est aussi attaché à Pâques car renvoie à la lumière, l'éternité, la foi. Représentant également la connaissance et la science, plusieurs régions du monde lui ont assigné diverses fonctions : les conteneurs jaunes du tri sélectif pour l'Union Européenne, les taxis de New York mais aussi de Madère, le maillot du premier du classement du tour de France, les véhicules et boites à lettres de La Poste, les véhicules de secours aux  "normes" européenne. Dans le langage courant le jaune est attaché au carton, au métal, au vin, au péril, au pastis, à l'oeuf, au jeu de carte (nain jaune), à la blondeur des cheveux, à la maladie (teint, cirrhose). Les syndicats jaunes, opposés aux syndicats rouges, défendent une action fondée sur la collaboration avec la classe dirigeante et non la lutte des classes. Dans le langage courant "être jaune" signifie être peureux, "être peint en jaune" être cocufié·e, "faire des contes jaunes" dire des choses incroyables, "franchir la ligne jaune" aller trop loin, "rire jaune" rire de façon contrainte. Faisant ainsi virer le jaune au jaunasse les proverbes ne sont pas en reste avec "Tout semble jaune pour celui qui a la jaunisse" et bien sûr "Mieux vaut rester rouge cinq minutes que jaune toute sa vie."... 


Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.
Jn-Mc
 Source Illustration : Blog Wilgat Lerat Guy 

mardi 18 décembre 2018

Ils s'appelaient Antonio et Bartosz...

Salut & Fraternité,

          Venu à Strasbourg pour couvrir l'assemblée plénière du Parlement Européen Antonio Megalizzi, journaliste originaire du Trentin au Nord-Est de l'Italie, est la quatrième victime de l'immonde propagande bondieusarde qui, inscrivant le mal dans le vide de sa pensée, a transformé un voyou notoire en terroriste de trottoir. Il travaillait pour Europhonica, un réseau  européen de radios universitaires auquel collaborait également Bartosz Pedro Orent-Niedzielski dit plus simplement Barto ou Bartek. Les deux hommes étaient liés par une amitié à laquelle Europhonica rendait hommage sur sa page Facebook hier en commençant par "Antonio e Bartek, pur essendo completamente diversi, erano persone molto simili.".    La balle logée dans sa nuque le 11  Décembre a eu raison de lui le 14 Décembre ; il avait 28 ans c.a.d juste un an de moins que son assassin...       




          Bartosz Pedro Orent-Niedzielski, un strasbourgeois arrivé de Katowice a l'adolescence, a rejoint les étoiles le 16 Décembre, jour de l'hommage public rendu place Kléber aux victimes de la barbarie. Touché par une balle dans le front, il est resté cinq jours dans le coma. Repéré par Dominique Klein lors d'une recherche de portraits pour l'émission "Visage d'Europe" produite par Arte. Totalement impliqué dans de nombreuses réalisations culturelles, artistiques et humanitaires, il fut dans les premiers à s'investir dans le projet alternatif de la Maison Mimir. Passionné par la lecture il était, entre autres, à l'origine de Strasbulles le festival européen de la BD francophone créé il y a dix ans. Polyglotte et profondément humaniste il cultivait une vision résolument optimiste et tolérante de l'autre. C'est l'intolérance génératrice d'inhumanité qui, rue des Orfèvres, a mis fin brutalement à sa trajectoire d'étoile filante. Exact opposé de celui qui l'a assassiné il avait 35 ans...       .    



Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.


Jn-Mc


 Sources Illustrations : it20lines & Livres Hebdo

lundi 17 décembre 2018

En Marx - Des classes sociales

Salut & Fraternité,


          Publiée de 1964 à 1971 par les Éditions Rencontre sous forme de fiches perforées sortant chaque semaine, l'Encyclopédie Du Monde Actuel fut reprise sous forme de cahiers puis de livres dans la Collection Le Livre de Poche. La lecture de l'ouvrage consacré au Marxisme, publié en 1976, n'a aujourd'hui rien d'achronique.

          Au chapitre intitulé "Classes Sociales" nous apprenons que l'explication de la lutte des classes se rencontre déjà chez François Guizot (1787-1874), celui-là même dont on cite à tour de bras le célèbre aphorisme "Éclairez-vous, enrichissez-vous, améliorez la condition morale et matérielle de notre France." en le réduisant à la simple injonction "Enrichissez-vous !". Le marxisme ajoute à la conception de Guizot la théorie de la fonction économique des classes sociales et fait du conflit entre bourgeoisie et prolétariat le moteur de l'histoire contemporaine. Les classes se forment indépendamment de la volonté des individus et de l'État. C'est la division du travail qui détermine des rapports de commandement et d'exécution ainsi qu'une répartition inégale des produits du travail. Ce phénomène se présente dès qu'un groupe humain créé un excédent de produit sur la consommation. La lutte pour l'appropriation de ce "surproduit" est à l'origine de la division des classes. Tous les rapports de travail, de propriété, de pouvoir, des prestige en dérivent.   

          Les classes dirigeantes se forment de manière empirique. Dans les sociétés asiatiques devant traditionnellement organiser le contrôle des forces naturelles à grande échelle, la classe dirigeante était un appareil bureaucratique devenu propriétaire suprême de la terre. La société antique multipliant les guerres de conquêtes a imposé le mode de production esclavagiste. La société féodale a généré une classe dirigeante issue de la hiérarchie militaire et de la noblesse. Quant à la bourgeoisie, c'est la possession du capital qui lui confère son rôle dirigeant dans l'appareil de production capitaliste. Le prolétariat doit être, selon la conception marxiste, la dernière des classes à subir une domination économique et politique. Née d'une production insuffisante, la division des classes disparaîtra avec l'épanouissement des forces productives. Marx admet l'existence de classes intermédiaires : paysannerie, classes moyennes urbaines et rurales, intellectuels, sous-prolétariat...

          Le schéma marxiste classique est contesté par des sociologues tels que Georges Gurvitch (1894-1965) et Raymond Aron (1905-1983) qui, se refusant à définir les classes par des critères strictement économiques, y introduisent des données psycho-sociologiques rendant leurs frontières beaucoup moins rigides. Les marxistes orthodoxes donnent eux-mêmes aujourd'hui (c.a.d en 1964-71) une définition beaucoup plus large de la classe ouvrière y incluant employés, techniciens, personnels des services. Les révolutions chinoise, cubaine et algérienne ont montré que la paysannerie alliée à certaines couches moyennes pouvait jouer le rôle dévolu par Marx au prolétariat. Des théories affirment (en 1964-1971) que la bourgeoisie est déjà supplantée par une nouvelle classe dominante, celle des organisateurs ou "managers", le sociologue yougoslave Milovan Djilas (1911-1995) estimant que dans les sociétés dites socialistes le prolétariat est dominé par les grands bureaucrates... 

          
Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.

Jn-Mc


 Source Illustration : Collection Personnelle


Retrouvez les autres articles de la série sous le libellé En Marx

dimanche 16 décembre 2018

Cultissime !

Salut & Fraternité,

    Depuis le 25 Octobre 2018 à 13h30, soit 51 jours aujourd'hui, se déroule à la Protestantse Kerk sise au n°30 de la Thomas Schwencketstraat du quartier Bethel de Den Haag (La Haye) un culte ininterrompu. Les membres de cette communauté ne sont pas pour autant sous l'emprise d'un délire mystique collectif, mais on peut à juste titre les dire touchés par la grâce car ce qu'ils réalisent est juste magnifique. 

          Rassemblés autour de la famille Tamrazyan venue d'Arménie il y a neuf ans, ils empêchent l'expulsion de ce couple et de leurs trois enfants âgés de 15, 17 et 21 ans en opposant la loi à l'Etat. Une vieille loi néerlandaise interdisant aux forces de l'ordre de pénétrer dans une église durant un culte ou une messe. "Si le père revient dans son pays, il risque la mort. Si nous le laissons ainsi repartir, je ne pourrai plus me regarder dans le miroir." affirme Theo Hettema, président des Eglises Protestantes de La Haye et coordonnateur de cette initiative hors du commun. Concrètement, pasteurs, soutiens et fidèles se relayent 24 heures sur 24 autour de la famille qui participe au culte mais vit aussi dans ce temple réformé et ne peut en sortir sous peine d'expulsion. Plus de 500 pasteurs du pays se sont dits prêts à participer à cette action et ils le font comme ce couple venu avec leur enfant animer deux heures de culte alors qu'ils vivent à 200 km de là. 

          Hayarpi, l'aînée des trois enfants Tamrazyan et porte-parole de la famille explique en néerlandais son attachement au pays : "J'habite ici depuis l'âge de 12 ans et j'ai 21 ans. C'est la période pendant laquelle je me suis construite et développée.". Si les autorités respectent pour l'instant la loi, tout le monde ne l'entend pas de cette oreille. La ChristenUnie, petit parti dit social et fondamentaliste (cherchez l'erreur), membre de la coalition  de centre droit actuellement au pouvoir, appuie cette action mais Leen van Dijke, l'un de ses anciens membres émet des doutes partagés par d'autres protestants, avançant que "Nous vivons dans un Etat de Droit et nous devons nous conformer à la décision du juge. Refuser d'y obéir peut être une menace pour l"Etat de droit.". Mais peut-être a-t'il oublié l'histoire du prophète Daniel où lui et ses compagnons refusent d'obéir au roi et aux autorités (ch.3 v.1+6 ; ch.3 v.16-18 ; ch.6 v.11) en limitant leur soumission à ce que ne leur interdisait pas leurs convictions. Idem, cette fois-ci dans le Nouveau Testament, pour l'apôtre Pierre dont il est rapporté dans Le Livre des Actes (ch.5 v.29) qu'il enjoint les chrétiens à obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes. Certains, aujourd'hui, accusent même cette assemblée courageuse d'emprisonner la famille arménienne dans le temple et dans les illusions alors que le but de cette action est de gagner du temps pour plaider à nouveau sa cause auprès des autorités afin de les faire revenir sur leur décision d'expulsion. Theo Hattema répond à ces argumentateurs hypocrites que l'action se déroule dans un cadre légal donc il n'y a rien à craindre quant à la mise en péril de l'Etat de Droit et pour ce qui est du prétendu enfermement de cette famille : "Quelle prison ? L'enfermement est plutôt du côté des partis de la coalition, prisonniers, eux, d'un accord de gouvernement strict. Ce sont eux les vrais prisonniers.". Alors, si vous vous sentez libres et souhaitez apporter votre concours à cette initiative particulièrement humaniste, cliquez ici et puis, reconnaissons-le, toutes ces heures et ces jours qui s'additionnent, c'est tout de même un chouette compte... de Noël !     


Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.


Jn-Mc

 Source Illustration : Réforme n°3780 pg 6

vendredi 14 décembre 2018

Ils s'appelaient Anupong, Kamal et Pascal...

Salut & Fraternité,

          Anupong Suebsamarn (45 ans) était arrivé à Strasbourg le 10/12 accompagné  par son épouse. Vivant dans l'Est de la Thaïlande ils avaient initialement projeté de visiter Paris mais, dissuadés par les manifestations des Gilets Jaunes, s'étaient reportés sur la Capitale de Noël. Il a été tué d'une balle dans la tête le 11/12. Des clients d'un restaurant ont tenté en vain de lui porter secours. Naiyana, prise en charge par l'Ambassade de Thaïlande doit maintenant seule au Royaume de Siam...   




         Kamal Naghchband (45 ans) avait fuit la guerre en Afghanistan il y a 18 ans. Récemment naturalisé il s'était parfaitement intégré et gérait un garage.  Père de trois enfants âgés de 3,6 et 8 ans, touché à la tête lui aussi, il s'est effondré devant eux rue des Grandes Arcades mardi 11/12 et est décédé jeudi 13/12. 





          Pascal Verdenne (61 ans), décrit comme un retraité heureux a été abattu le 11/12 en sortant de La Stub, un restaurant où il s'était rendu en compagnie de son épouse et de son fils. Ils avaient auparavant assisté à une conférence de Gérard Davet et Fabrice Lhomme qui présentaient à la Librairie Kléber leur ouvrage intitulé... "Inch'Allah, l'islamisation à visage découvert.".



          Jeudi 13/12, 48 heures après avoir perpétré dans un parfait obscurantisme ses actes barbares ayant fait 3 morts, 5 blessés graves et 8 blessés légers, leur auteur a été abattu par la police rue du Lazareth. Au nombre des blessés graves figurent Bartek Niedzwiedzki, très investi dans la vie associative et culturelle de la ville et un journaliste italien venu couvrir l'Assemblée Plénière du Parlement Européen. Souhaitons que ces derniers ne rejoignent pas Anupong, Kamal et Pascal...     


Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.
Jn-Mc
 Sources Illustration : Sud Info Be - Sud Info Be - DNA