Place au Peuple

samedi 30 janvier 2016

L'Otan, tant qu'et plus !


Salut et Fraternité,

          François Hollande aimerait en douce achever le retour de la France dans l'Otan nous rapporte la presse depuis quelques jours. Sakozy et Merkel ont fabriqué le TSCG ; Hollande l'a fait ratifier, alors que dans son programme il voulait le renégocier. Sarkozy et Obama ont initié le retour de la France dans l'Otan ; Hollande va le boucler, alors que dans son programme il n'en excluait pas la sortie...

          J'sais pas vous, mais moi ça ne me laisse rien augurer de bon pour la suite. Véritable bras armé du capitalisme et de l'impérialisme étasunien, l'Otan n'est pas une gentille association caritative et humanitaire oeuvrant pour la promotion de la démocratie ! De Gaulle en a fait sortir la France en 1966, mais les accords secrets Lemnitzer-Ailleret prévoyaient la réintégration en cas de conflit Est-Ouest à l'époque de la Guerre Froide. Ce qui en 2009 à fait dire à certains que la France a réintégré l'Otan depuis longtemps. Des propos qui font totalement abstraction des prises de positions courageuses qui ont honoré la France, comme par exemple le discours de Villepin à l'ONU en 2003. Mais ça c'était avant, quand nous tentions, avec parfois certains succès, d'avoir une politique étrangère quelque peu différente...

         L'atlantisme désormais assumé, même en douce, par François Hollande remonte à l'ère mitterrandienne, époque à laquelle il a tout appris. Soit, mais dans L'humain d'abord, son programme de 2012, le Front de Gauche proposait de donner à la France un rôle essentiel en vue de changer le cours de la mondialisation. En s'inféodant tant qu'et plus à l'Otan nous en prenons la direction diamétralement opposée...

Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.

Jn-Mc

Source Illustration : Forum Unité Communiste

jeudi 28 janvier 2016

Uber über alles ?

Salut et Fraternité,

         Les fonctionnaires dans la rue, on en parle beaucoup parce que les fonctionnaires ça se reproduit comme les rongeurs, ça râle tout le temps comme les putois et ça fiche rien comme les aïs. On a bien vu au moment des attentats de 2015 combien on en avait de trop et comment ils ne servaient à rien ! Les agriculteurs sur les routes, on en parle beaucoup mais j'éviterai d'en parler parce que je n'ai pas envie qu'il m'arrive la même chose qu'à Yves Montand dans "La menace" ! Les taxis dans la rue, on en parle mais pas tant que ça et, contrairement à certains fonctionnaires comme je n'ai pas les moyens de recourir souvent à leurs services, je leur rendrai justice en en parlant.

         Blague à part, l'ubérisation du transport de personnes en VL assuré par des professionnels autoproclamés va au delà de la simple menace envers une profession qualifiée d'obtusément corporatiste. Comme ci l'ultra-libéralisme n'était pas une vision obtuse de l'économie et plus largement de la société ! Repris à tour de clics sur les réseaux sociaux par des mal-comprenants, ce conflit donne lieu à des posts les plus crétins stigmatisant les professionnels du taxi et magnifiant les valets d'Uber & Uber pop. La plupart de ceux qui se réjouissent de l'ubérisation de l'économie sont de gros naïfs ne se doutant pas un seul instant que nous ferons tous les frais de cette déréglementation voulue par les puissances d'argent. 

          Ces crétins feraient bien de réfléchir un instant avant de "partager" et "retweeter" ce poison ultralibéral sur les réseaux sociaux. Lorsque notre société sera très largement ubérisée, ça sera la loi de la jungle et il n'y aura plus aucune garantie pour personne. Enfin, pour personne, pour personne excepté les Macron et consorts car eux auront toujours les moyens de s'offrir les services de vrais professionnels qui par manque de clientèle devront hausser leurs tarifs et ne travailler que dans le haut de gamme. C'est peut être à ce moment là, et à ce moment là enfin, que pour le commun des mortels la lutte des classes reprendra tout son sens...

Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.

Jn-Mc


 Source Illustration : digital-collab 

mercredi 27 janvier 2016

Recensé en quête de sens...


Salut et Fraternité,

         Il est des jours comme celui-ci où des questions fondamentales s'imposent à vous par le truchement de banales formalités administratives telles qu'un recensement de population...

         Alors dans la case n°31, qu'est-ce que je coche ? Pas si simple quand on est à la fois dans la production de soins immatériels, l'exploitation de ressources souvent insoupçonnées, les chantiers d'existences en (re)construction, l'installation d'anti-vides sanitaires, la réparation de fractures tant sociales que mentales, la maintenance de processus d'autonomisation, la gestion de crises de tous ordres, la comptabilité d'apothicaire, l'étude de phénomènes et comportements humains et enfin la recherche d'une impossible étoile... 

         Et pourquoi pas Autre car, n'en déplaise aux crétins identitaires, c'est en regard de et grâce à l'altérité d'autrui que se construit notre identité. Finalement, pour un vieux métier en voie d'extinction, voilà peut être la meilleure façon de se projeter dans l'avenir qui forcément sera toujours tout autre avec tous les autres...  

Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.


Jn-Mc



Source Illustration : Collection Personnelle

lundi 25 janvier 2016

Sarko-seller et alka-seltzer...

Salut et Fraternité,

          Alors comme ça il a, dans le plus grand secret, écrit un livre le Sark'homme de Neuilly ! Et en plus un livre dans lequel il prétend, à grand renfort de soutien merdiatique, faire en quelque sorte amende honorable ! Comment il l'a intitulé son nanar ? "La France pour la vie.", et ben voyons faut surtout pas se gêner mon grand ! 

         Publier "La France pour la vie" à soixante ans, vu l'espérance de vie des classes bourgeoises et la résistance des parvenus, on en a au bas mot pour encore un quart de siècle à se le coltiner le dîneur du Fouquet's ! Ah mais cette soirée était une erreur qu'il nous dit maintenant dans son bouquin, sauf qu'en 2014 il disait que cette soirée fut un cauchemar.... à cause de Cécilia ! Soit, revenons à "La France pour la vie", non mais ça va bien là ? Il ne lui a pas fait assez du mal à la France durant cinq années ? Et il prétend maintenant signer avec elle un bail emphytéotique ?

          Tout cela est bel et bon, mais si maintenant François Hollande se piquait aussi d'écrire un faux mea culpa, comment l'intitulerait-il ? N'ayant aucune sympathie pour le personnage, je le perçois cependant moins capable d'une une telle mégalomanie. Nicolas Sarkozy est l'homme des grands coups de pouce, tandis que François Hollande est l'homme des petits coups en douce. Il va laisser derrière lui un gâchis monumental et malheureusement pas momentané : une gauche au plus bas, une droite sur le fil du rasoir et une extrême-droite au plus haut. Alors pourquoi pas un titre du genre "Merci pour ce mo(nu)ment"...      

Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.


Jn-Mc


 Source Illustration : Blog Hanafi-Art

samedi 23 janvier 2016

A pour Apprenti, S pour Senior et C pour...

Salut et Fraternité,

          A grand renfort de couverture médiatique, le lancement de Signal Senior par l'association M&G sise à Auteuil dans les Yvelines suscite les réactions les plus variées. Si l'idée de sensibiliser les automobilistes à la présence de seniors sur la route n'est sur le fond pas mauvaise, marquer leur voitures d'un sceau pour le moins stigmatisant reste quant à la forme particulièrement discutable.

         Alors que les jeunes conducteurs n'ont qu'une hâte, voir disparaître l'infamant A de l'arrière de leurs véhicules, il faudrait que les seniors s'identifient volontairement. Un peu comme si la jeunesse, trop souvent impliquée dans des accidents graves, pouvait en deux ans de prétendue bonne conduite s'affranchir d'une discrimination imposée par la loi et que les seniors, statistiquement peu responsables d'accidents graves, devaient sous la pression sociale s'auto-stigmatiser. 

          J'sais pas vous, mais moi ça me laisse plus que songeur. Il ne manquerait plus que notre actuel gouvernement, malheureusement trop occupé à filtrer le moustique qu'il en avale la caravane chamelière, se mette en tête de légiférer ! Ceci dit, vu la moyenne d'âge de nos élus, il se pourrait que le Palais Bourbon fasse cette fois-ci salle comble ! Blague à part et sans mauvais esprit, plutôt que de se questionner sur la dangerosité des seniors sur la route, celle-ci restant à prouver, ne serait-il pas plus judicieux de s'interroger sur l'absence de réelle politique de transports publics dans notre pays et de la désertification des zones rurales ? Mais bien sûr, si on se mettait à poser les vrais problèmes, on trouverait peut être de vraies réponses d'utilité publique et ça, ça ne plairait pas du tout aux assassins en col blanc de l'internationale de la finance !

Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.

Jn-Mc

Source Illustration : L'Est Républicain 

jeudi 21 janvier 2016

Une femme azerty...

Salut et Fraternité,

          Alors non seulement nous avons une ministre de la culture qui revendique de ne pas être payée pour lire des livres, mais voilà que son ministère s'attaque au clavier azerty prétendument inadapté à la grammaire française. Comme si la recrudescence des fautes tant de grammaire que d'orthographe avait pour seule et unique raison un clavier incommode pour taper les E dans l'A ou les C cédille ! Or la disposition azerty sur les claviers date de la fin du 19ème siècle et le génocide de la langue française de la fin du 20ème. Cherchez l'erreur...

          Une fois de plus des autoproclamés savants, à l'instar des pharisiens vilipendés en son temps par le fils du charpentier palestinien, filtrent le moustique et avalent le chameau ! Non mais allo quoi, si tant est qu'elle ne soit pas payée pour lire des livres, elle ferait mieux de s'occuper des intermittents du spectacle Fleur Pellerin, plutôt que de s'investir dans de faux problèmes pour lesquels le contribuable va dépenser un argent fou en audits, comités de pilotages, expertises et contre-expertises ! Et je ne parle pas des frais annexes, dont de bouche, pour tous ces parasites se gaubergeant des budgets de la culture à la façon d'un tænia de diplodocus ! Ah tiens, vous avez vu ? Un æ ! Et en plus il a été tapé sans grand effort sur un clavier azerty ! Bon alors, pour celles et ceux qui n'auraient pas suivi la manip, il existe sur les claviers azerty des formules magiques pour faire apparaître les caractères spéciaux ! Mais si madame Pellerin, allez je vous fais une fleur : on appelle ça des alt codes et c'est ici ! Mais vous pouvez aussi trouver les plus courants sous forme de pense-bête à mettre en fond d'écran de votre smartphone.


          Bon alors maintenant, sachant qu'une femme azerty en vaut deux, on arrête de souffler dans le derrière des chevaux pour lutter enfin contre le recul généralisé de la culture et la casse systématique de ses budgets publics ?

Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.

Jn-Mc

Source Illustration : Le clavier canibale

mercredi 20 janvier 2016

Jean Witt est bien...



Salut et Fraternité,

          Jeanine et Jean, ça pourrait être un titre de film ou en y ajoutant "Chez" l'enseigne d'un petit restaurant où l'on vous sert généreusement de la bonne cuisine des familles surtout pas bourgeoise(s) ! Finalement c'est un peu des deux qui nous est raconté par Jean Witt dont l'interview d'hier matin sur France 3  mérite d'y consacrer les 12 minutes et 12 secondes  nécessaires à son visionnage. A moins que vous ayez des choses plus importantes à faire, auquel cas ne perdez plus de temps à lire ce blog qui se passera très bien de vos visites et sachez que les gens pressés, contrairement à l'idée qu'ils se font de la vie, meurent toujours trop tard.

         Titre de film, enseigne de petit restaurant et bonne cuisine des familles disions nous, voilà à la fois le contenant et le contenu de cette histoire de gens ordinaires aux parcours extraordinaires. La vie des deux protagonistes est comparable à un scénario de film dans lequel le méchant Alzheimer serait plus Gandalf que Dark Vador. On y est reçu comme dans un petit restaurant où s'y cultive, dans tous les sens et l'essence du terme, l'esprit de famille, pour ne pas citer un autre film

         Si, n'en déplaise aux pisse-vinaigre, le ton de cet article se veut léger, en regard de la gravité du sujet, c'est à dessein car autant le témoignage de Jean Witt est émouvant, autant il invite à la joie. Joie de vivre, joie d'être en vie, un hymne à la joie en somme, composé par un auteur n'étant pas sourd à la mélodie du bonheur. Et nous revoilà dans dans un film qualifié de comédie musicale car si la vie a certains côtés tragiques, elle reste comme dit, une comédie qu'il appartient à chacun de mettre en musique. Ce qu'ont su faire avec brio Jeanine, Jean et Philippe. Nous sommes, grâce à ce témoignage du "prendre soin", aux antipodes du "prendre en charge" dont se gargarisent les technocrates de la santé formatés par la novlangue de l'inhumanité. Alors quand c'est comme ça, on dit merci et revenez quand vous voulez... 


Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.


Jn-Mc



Sources Illustrations : laplumedusilence. orgtemporel. fr

lundi 18 janvier 2016

Biotrial : symptôme d'une pathologie systémique...

Salut et Fraternité,


          Hier était annoncé le décès du patient en état de mort cérébrale suite aux essais du médicament testé par le laboratoire Biotrial. Trois autres volontaires participant à cet essai clinique de phase 1 risquant à cette heure un handicap irréversible, le dossier est loin d'être clos.

         On peut mettre en avant la boulette politico-médiatique du traitement de l'affaire, mais il ne faudrait pas pour autant oublier que ces tests ne sont pas juste une formalité pour celles et ceux qui y participent. Si la rémunération incite à la motivation, limitée à 4.500€/an soit près de 4 Smic net, elle est censée indemniser les contraintes subies et le temps passé mais non le risque encouru. Contrairement au discours se voulant rassurant, au nom de la spécificité franco-française, ces essais restent risqués et lorsqu'on les met en perspective tant avec la mentalité douteuse qu'avec la volonté d'hégémonie des laboratoires pharmaceutiques, tout cela laisse pour le moins songeur... 

          Or, dans son programme "L'humain d'abord !" le Front de Gauche annonçait dès le 1er Chapitre"Nous libérerons la recherche pharmaceutique de la soumission aux marchés et aux laboratoires en mettant en place un pôle public du médicament avec au moins une entreprise publique qui interviendra sur la recherche, la production et la distribution des médicaments.". Mais bien sûr en regard des "risques" pris par les capitaines d'industrie et le "dynamisme" du secteur privé, on ne fait pas d'omelette sans casser d'oeufs et le service public c'est que des fonctionnaires payés à ne rien foutre ! N'est-ce pas monsieur Servier ?


Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.


Jn-Mc


Source Illustration : Ouest France

lundi 11 janvier 2016

Requiescat in... peace and love !

Salut et Fraternité,


         Nathalie Cole, Michel Delpech, Michel Galabru, Lemmy Kilmister, Pierre Boulez et maintenant David Bowie, ça tombe comme des mouches du côté des artistes et du star system. Du coup, un tsunami d'émotion met les réseaux sociaux sans dessus dessous...

         Oh, dieu(x) que c'est beau toutes ces manifestations de sympathie posthume, cet étalage de souvenirs postés, ces larmes de crocodiles (de préférence Lacoste) et ces bâillements de carpes (qui n'ont pas la frite) ! On en viendrait presque à souhaiter que le spectacle continue tellement le pathétique le dispute au ridicule. Mais pour cela il faudrait que d'ici tout au plus trois jours, un autres artiste vienne à calancher et ça on ne peut décemment le souhaiter à personne, même à Johnny.

         J'sais pas vous mais moi, autant la disparition d'artistes m'attriste (y compris les exilés fiscaux), autant la souffrance des individus lambda vécue dans une très large indifférence médiatique et réseausocialiste me questionne. Ce matin, un pote a posté sur son facebook une photo de Robess, un défunt collègue de travail dont il souhaite honorer et entretenir la mémoire. L'attention m'a infiniment plus touché que le tintamarre médiatique orchestré autour de la disparition des artistes précédemment cités et de l'hommage (raté) organisé hier pour ceux de Charlie Hebdo...    


Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.


Jn-Mc


Source Illustration : Blog dominikvallet

dimanche 10 janvier 2016

Pragmatisme et politique

Salut et Fraternité,


         Realpolitik, pragmatisme, combien de fois les médias nous rebattent les oreilles avec ces mots souvent prononcés de façon quasi incantatoire ? Et ne parlons pas du sens commun dévoyé par un mouvement pour le moins rétrograde ! 

         Gramsci, du fond de sa prison, perce à jour les pragmatistes. A mon sens, il nous met aujourd'hui en garde contre une approche de la politique se voulant exclusivement pratico-pratique et pour ce faire s'affranchissant de toutes réflexions et apports théoriques. 

         "Les pragmatistes, eux, ont tout au plus servi à créer le mouvement du Rotary Club ou à justifier tous les mouvements conservateurs et rétrogrades." écrit-il pour conclure sa réflexion. Ainsi suis-je très heureux de m'inscrire dans un courant politique où la pensée précède, accompagne et succède à l'action. Ceux qui aujourd'hui rejettent toute conceptualisation de l'action politique sont soit des idiots indécrottables, soit des escrocs surfant avec succès sur la vague du zapping décérébrant.  


Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.


Jn-Mc


Pragmatisme et politique
1933-34


         On ne peut pas, semble-t-il, faire une critique du «pragmatisme», si on ne tient pas compte du cadre historique anglo-saxon dans lequel il est né et dans lequel il s'est répandu. S'il est vrai que toute philosophie est une «politique» et que tout philosophe est essentiellement un homme politique, l'affirmation est d'autant plus vraie pour le pragmatisme qui construit la philosophie «utilitairement» au sens immédiat. 


         Mais cela n'est pas pensable (comme mouvement) dans des pays catholiques où la religion et la vie culturelle se sont scindées dès la Renaissance et la Contre-réforme, alors qu'on l'imagine aisément pour les pays anglo-saxons, où la religion adhère réellement à la vie culturelle de tous les jours et n'est pas centralisée bureaucratiquement, ni dogmatisée intellectuellement. En tout cas, le pragmatisme échappe à la sphère religieuse positive et tend à créer une «philosophie populaire» supérieure au sens commun ; c'est un «parti idéologique» immédiat plus qu'un système de philosophie.


         Si on prend le principe du pragmatisme tel qu'il est exposé par James :


        «La méthode la meilleure pour discuter les divers points d'une théorie est de commencer par établir clairement quelle différence pratique résulterait du fait que l'une ou l'autre des deux possibilités fût la vraie.»(1)


         On voit quel peut être le caractère de politique immédiate de la philosophie pragmatiste. Le philosophe «individuel» du type italien ou allemand, est lié à la «pratique» médiatement (et souvent la médiation est une chaîne faite de nombreux anneaux), le pragmatiste, lui, veut s'y lier tout de suite et en réalité ce qui apparaît de cette manière, c'est que le philosophe italien ou allemand est plus «pratique» que le pragmatiste qui juge d'après la réalité immédiate, souvent vulgaire, alors que l'autre a un but plus élevé, il vise plus haut et tend donc à élever le niveau culturel existant (quand il y tend, bien sûr). Hegel peut être considéré comme le précurseur théorique des révolutions libérales du XIXe siècle(2). Les pragmatistes, eux, ont tout au plus servi à créer le mouvement du Rotary Club ou à justifier tous les mouvements conservateurs et rétrogrades (à les justifier en fait, et non seulement par suite d'une déformation polémique comme c'est arrivé pour Hegel et l'État prussien(3)).



Gramsci dans le texte (1916-1935) pg 118-119




1. W. JAMES : L'Expérience religieuse, essai de psychologie descriptive [trad. de l'anglais par Frank Abauzit, préf. d'Émile Boutroux, Paris, Alcan, 1906, p. 373]. (Note de Gramsci.)
2. Cf. Antonio Gramsci dans le texte pp. 260-261.
3.  Hegel est souvent considéré comme le philosophe qui a exalté l'État prussien. Mais en fait, à travers la justification de l'État représenté par la Prusse de son époque, il a fait «l'analyse critique de l'État moderne et de la réalité qui s'y trouve liée». (MARX : Contribution à la critique de la philosophie du droit de Hegel, Paris, Costes, 1927, Oeuvres philosophiques, tome I, p. 95.)



mercredi 6 janvier 2016

Charlie, tes assassins courent toujours...


Salut et Fraternité,

        La une de Charlie Hebdo fait une fois de plus couler beaucoup d'encre et, comme d'hab', les polémiques vont bon train (d'enfer) ! Dieu, ou plus précisément l'idée que les hommes s'en font, ne manque pas plus de détracteurs que de défenseurs. Mais les renvoyer dos à dos ne serait pas très juste car si de nos jours des exactions sont encore commises au nom d'un athéisme bas du plafond, il y a bien plus de crimes perpétrés par des croyants à la crétinerie avérée. Et ceci autant dans les sociétés se réclamant des trois grands monothéismes qu'au sein de celles cultivant le polythéisme.

          Pour en revenir aux monothéismes se concurrençant pour gagner le leadership sur le marché de l'espérance, il n'est pas un des livres déclarés saints (de facto) qui ne contienne des textes pouvant servir de prétextes (de jure) à des humains belliqueux. Et c'est bien là que se situe la racine du problème, pour ne pas dire du mal. Ce n'est pas le texte, la croyance ou la divinité qui sont criminels mais ceux qui s'en emparent et les manipulent pour commettre des crimes contre l'humanité.

         L'espérance en une vie meilleure ici bas ou dans l'au-delà, le besoin de valeurs et de spiritualité au sens le plus large du terme, sont inhérents à l'espèce humaine. Dans le domaine des modèles conceptuels de soins infirmiers, on parle de besoin d'agir selon ses croyances et valeurs. Ainsi, peut on raisonnablement condamner ce qui est humain ? Ce qui est condamnable, c'est l'instrumentalisation de ce besoin au profit des plus bas instincts. Ceux qui devraient se trouver aujourd'hui devant les tribunaux sont tous ces prétendus et souvent autoproclamés guides spirituels n'enseignant surtout pas la lecture critique des textes et leur contextualisation, pour délibérément s'enferrer dans des approches littérales et univoques.
 
         Compliquer voire interdire l'accès à la connaissance et à la culture, dénigrer voire nier l'exercice du libre-arbitre et de l'esprit critique sont autant de crimes contre l'humanité commis quotidiennement sur toute la surface du globe dans la plus grande indifférence alors que ce sont ces démarches obscurantistes qui font le lit des intégrismes de tous crins et des terrorismes de tous poils. Oui Charlie, tes assassins courent toujours et, le capitalisme aidant, ces salopards ont encore de beaux jours devant eux !


Que celui qui a des oreilles pour entendre entende...

Jn-Mc


Source illustration : site web Libération