Infobésité ou désugétisation ?

Salut & Fraternité,

         Dans un récent article intitulé "Mieux que la gestion du temps : la gestion de l'attention", le conseiller en management Antony Priou met l'accent sur la nécessité de nous exercer à focaliser notre attention sur des actions précises, fut-ce pour très peu de temps, plutôt que de laisser notre esprit, piégé par l'infobésité, virevolter durant une heure. Il est question de privilégier l'attention endogène alors que la multimédiatisation du monde dans lequel nous vivons nous porte à nous épuiser en mobilisant exclusivement notre attention exogène.

         La conceptualisation des phénomènes de l'attention est fort heureusement antérieure à la création de l'internet mais l'avalanche d'informations dont nous sommes aujourd'hui victimes par ce biais est bien récente. J'écris "dont nous sommes victimes" et non "à laquelle nous sommes soumis" à dessein car à mon sens tout commence par là. Ce n'est pas parce que nous sommes tous de potentielles victimes d'intempéries que nous devons leur être totalement soumis. Le randonneur selfies-addict établissant son bivouac au bord d'une rivière cévenole prend le risque d'être emporté par une brutale montée des eaux causée par un orage éclatant bien en amont et dont il ne s'est du coup pas donné les moyens d'anticiper la survenue car paradoxalement autocentré du fait de son hyper-connexion !

          Le concept d'infobésité ne date pas d'hier matin comme en témoignent, entre autres, des travaux de Dominique Wolton remontant à 2009. Ainsi la question n'est pas tant de décrire et de décrier un phénomène connu que de choisir de s'en prémunir afin de ne pas y être soumis, ce qui nous assujettis nous désujétisant. Ces pas de côté auxquels nous invite Antony Priou dans son article, s'ils permettent de retrouver la maîtrise de notre mental, ne doivent pas pour autant nous auto-centrer car sans partage(s) avec nos semblables notre humanité perd son essence en manquant de sens. Reste à savoir quel(s) partage(s), avec qui, pourquoi, comment, où, quand, etc. En somme toutes les questions par lesquelles nous nous positionnons en tant que sujets...

Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.

 Jn-Mc

 Source Illustration : letudiantautonome