Place au Peuple

mercredi 16 août 2017

Huningue virera-t'elle Groningue ?

Salut & Fraternité,

          La presse régionale s'en était inquiétée dès le début de l'année et depuis le printemps c'est fait : Huningue, commune de 7.000 habitants, n'a plus de médecin généraliste. La ville avait pourtant créé en 2014, en concertation avec les praticiens, un pôle santé, leur fournissant ainsi contre rétribution mensuelle un outil de travail pensé intelligemment. Ainsi, tout devait-il aller pour le mieux dans le meilleur des mondes jusqu'à ce qu'un des quatre médecins prenne sa retraite, que deux autres décident de partir pour diverses raisons et que le dernier, ne voulant pas assumer seul la charge d'une patientèle accrue par l'absence soudaine des trois autres décide de mettre la clef sous le paillasson. 

          Depuis, la municipalité est en quête de médecin et, d'après le cabinet de recrutement mis sur le coup, ça pourrait prendre un certain temps. Pourtant, seule ville française sur le Rhin, voisine immédiate de Basel (CH) et de Weil-am-Rhein (D), située à l'intersection de trois frontières, Huningue ne manque pas d'attrait. Les deux pharmacies de la ville on lancé une pétition arguant : "Est-il normal que l'Etat paye 9 ans d'études pour devenir médecin généraliste et que les pouvoirs publics ne fassent rien pour vous en proposer à Huningue ?". J'sais pas vous mais moi, j'en reviens toujours aux fondamentaux, à savoir le Serment Hippocrate. Serment qu'ont prêtés tous les médecins et demeurant valable même et à plus forte raison quand ils exercent en libéral. Bien que différant de l'original pour de compréhensibles nécessités d'adaptation à notre époque, le texte simplifié approuvé par le Conseil de l'Ordre dit bien : "Mon premier souci sera de rétablir, de préserver ou de promouvoir la santé dans tous ses éléments, physiques et mentaux, individuels et sociaux.". Ce qui, si je ne m'abuse, signifie en clair qu'on ne met pas la clef sous le paillasson, livrant du coup 7.000 habitants à eux-mêmes. 

          Quid de la référence à Groningue (Groninge en v.o), ville hollandaise de près de 200.000 habitants dont la moitié a moins de trente-cinq ans ? Aujourd'hui, tout sépare les deux citées si dissemblables mais hier, en 1826, une épidémie de fièvres dites intermittentes décima 10% de la population de Groningue qui comptait alors 28.000 habitants. Touchant très largement enfants et vieillards, cette vague de fièvres dont on n'identifie aujourd'hui toujours pas clairement les causes demeure un sujet d'étude pour les épidémiologistes. Pour ce qui est des raisons d'une si forte mortalité on retrouve en première ligne le manque de médecins. Ils étaient alors 8 pour 28.000 habitants ce qui fait un ratio de 1/3.500. Aujourd'hui à Huningue nous passons de 1/1.750 à 0/7.000. Si l'Etat ne peut demeurer inactif, il appartient aussi aux médecins de revenir à leurs fondamentaux car, sans la rejouer façon "Pars vite et reviens tard", le déficit de couverture médicale porte toujours préjudice à la santé publique et la prévention n'en est-elle pas un outil majeur ? 


Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.


Jn-Mc


 Source Illustration : Ville de Huningue

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