Place au Peuple

mercredi 29 avril 2015

Ils étaient 3 pour 100...

     Ils n'étaient pas 20 et 100 mais le sort réservé aux 100 patients déportés le 05/01/1944 des Asiles d'Aliénés de Hoerdt et Brumath  relevait de la même doctrine que Nacht und Nebel : faire disparaître tout ce qui n'était pas conforme à l'idéologie nazie. Ainsi die Aktion T4, programme tenu secret, planifiant méthodiquement l'euthanasie des handicapés physiques et mentaux, fut lancée dans un but qui, selon les idéologues nazis se voulait humanitaire car Hitler lui-même avait, pour qualifier cette entreprise criminelle, employé le terme "Gnadetod", en clair la mort infligée par pitié, par miséricorde...

         Le 05/05/1995, c'est à dire avant la fusion des établissement de Brumath et Hoerdt, une stèle en grès avait été érigée devant le coeur historique de l'Hôpital de Stéphansfeld pour honorer la mémoire des 50 patients transférés à Hadamar et dont un seul était revenu. Un demi siècle avait du s'écouler pour que nous sortions du non-dit. Hier 29/04/2015, quasiment vingt ans plus tard, l'établissement a ajouté à cette stèle une plaque mentionnant les noms des 50 patients de Hoerdt et des 50 patients de Brumath qui sont partis à Hadamar en 1944 et dont seulement 3 sont revenus. 

          Le dévoilement de cette plaque commémorative fut précédé de prises de paroles de responsables de l'Epsan et d'élus locaux soulignant de concert la barbarie de cette opération et la volonté que cela ne se reproduise plus jamais. Invité à cette commémoration au nom du Parti Communiste Français, j'ai pu y associer Volker Bohn et Florian Vollert, tous deux élus Die Linke. Décrire la charge émotionnelle de ce moment est quasiment impossible car j'ai été touché à plus d'un titre : enfant ayant grandi dans l'ombre et le non-dit du camp du Struthof, soignant en quête perpétuelle d'humanité, militant communiste et internationaliste, me retrouver là, à cette occasion précise en compagnie de deux camarades allemands crevait le plafond de verre du symbolique.

          Cet événement permit de nombreux échanges, dont la toujours chaleureuse rencontre avec Georges Yoram Federmann qui fut en 1983-86 mon professeur de cardio et traumato-rhumato mais surtout reste à jamais mon professeur d'humanité. Nous avons également échangé avec monsieur Daniel Karol, directeur de l'établissement et monsieur Alfred Gradt, cadre supérieur de santé à la retraite qui avait activement participé en 1995 au projet mémoriel. Une représentante de la clinique psychiatrique d'Hadamar était également présente, témoignage tangible que le travail de mémoire et de réconciliation s'accomplit aussi de l'autre côté.

         Comme je le dis et redis, car c'est loin d'être clair pour tout le monde, ceux qui ont commis ces atrocités ne sont pas les Allemands, mais les nazis dont la doctrine rassemblait au delà des frontières de l'actuelle Allemagne. S'ils ont pu accomplir tous ces crimes, notamment hors d'Allemagne, c'est aussi parce que l'inertie des uns et la collaboration des autres leur a facilité la tâche. Personne n'est aujourd'hui exempté d'examiner sa conscience. Comme cela l'a été rappelé dans une allocution, les malades mentaux de "l'intérieur" et ceux qui y avaient été évacués ont payé un lourd tribut au darwinisme social. A l'heure ou l'extrême-droite, tant en France qu'en Europe, s'applique à entrer dans le "jeu démocratique" en réécrivant son passé et en floutant son présent, il n'est pas inutile de rappeler qu'Hitler est arrivé au pouvoir par des voies les plus démocratiques et qu'une fois installé il a instauré une dictature qui a nécessité une très forte alliance Est-Ouest pour en venir à bout...


Jn-Mc



Source Illustration :
- DNA Édition du 29/04/2015



Die Linke (01/05/2015)
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Heilbronner  Stimme (18/05/2015)



lundi 27 avril 2015

Rencontres au sommet...


          Que ce soit à l'occasion d'un événement festif trimestriel ou alors par le biais du roulement biquotidien des veilles, la rencontre demeure le fil rouge de cette expérience à la fois dans et hors du temps. Veilleur et accompagnateur, l'un veillant symboliquement sur la ville et l'autre veillant réellement sur le veilleur. Veilleurs, accompagnateurs et équipe du Relais Culturel en charge du projet, encore et toujours des rencontres suscitant le dialogue dans une société privilégiant le monologue. Il y a ici, en haut, comme une fabrique de lien social issu de rencontres au sommet entre gens pour la plupart ordinaires vivant des expériences loin de l'ordinaire...


         Renonçant à dire l'indicible, tentons de cibler l'invisible : de cette boite posée sur un toit loin du sol s'échappe une multitude de regards et de pensées permettant à deux êtres, jusqu'ici étrangers l'un à l'autre, de partager des moments de précieuse humanité. Encore faut il que ces moments uniques aient des effets bénéfiques durables dans l'esprit de celles et ceux qui les vivent. C'est le second challenge de l'expérience, le moins facile à gagner mais de loin le plus stimulant. D'où la question de l'après qu'il faudra se poser bien avant le 31 Décembre, si ce n'est dès à présent...


Jn-Mc


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Source Illustration :
- Collection personnelle

lundi 20 avril 2015

De tout à tract !

Salut et Fraternité,


         Se prétendant toujours de Gauche mais n'ayant plus rien de social à dire à l'issue de sa troisième année de mandat libéral-socialiste, voilà que le deus ex machina  du capital-socialisme compare le discours de Marine Le Pen à un tract du Parti Communiste des années 1970 ! Celui qui prétendait avant son élection qu'il n'y avait plus de communistes en France, fera d'ici la fin de son mandat qu'il n'y ait plus de socialistes en France ! Sic transit gloria mundi...


         Pouvait on s'attendre à autre chose de celui qui, honorant le Groupe Manouchian parce qu'il ne pouvait vraiment pas faire autrement, a par ailleurs fermé les portes du Panthéon aux résistants communistes ? Pouvait on s'attendre à mieux de celui qui, à la botte des USA, ferait bien de s'inspirer pour le moins de Villepin s'il lui est anatomiquement impossible de s'inspirer du Che ?


          L'entreprise familiale de banalisation - ripolinisation du FN n'en espérait pas tant ! Et que dire de la presse de révérence qui en fait dès à présent ses choux gras ! Il ne manque plus qu'un petit dessin de Plantu et ça sera carton plein pour les assassins en cols blancs de l'internationale de la finance dont l'extrême droite est l'habituel supplétif.


          Quand on a rien à dire... vous connaissez la suite ! Mais le problème c'est que notre merkelophile et obamalatre de président n'a pas rien à dire. Il prépare doucettement le terrain du tripartisme qu'il n'ose pas officiellement appeler de ses voeux. Un arc politique réduit aux confrontations PS, UMP, FN, ce dernier servant de faire valoir aux deux autres : l'instrument idéal pour tuer la démocratie au nom du vote futile et du front républi-caïn ! 


Que celui qui a des oreilles pour entendre entende !  

Jn-Mc   


Source Illustration : pcf. fr

lundi 6 avril 2015

Pâques, mais pas que...

Salut et Fraternité,

         A l'heure où les célébrations pascales font bénéficier de deux jours de fêtes, voire trois, tant ceux qui croient au ciel que ceux qui n'y croient pas, la laïcité fait un retour remarqué dans les débats. Aux antipodes de l'athéisme militant et du christianisme prévalent l'aboutissement de la laïcité n'est pas plus l'éradication de toute trace de croyance de l'espace public que l'institution de l'une d'elle comme Religion d'État.

          Le fait religieux, ne craignons pas le pléonasme en l'affirmant, existe... de facto. La laïcité n'a pas plus pour but de l'extirper de la pensée de nos concitoyens que de l'instrumentaliser pour en son nom provoquer une nouvelle guerre de religion(s). Les athées monoïdéiques bas du plafond ne valent pas mieux que les culs-bénits monomaniaques azimutés ! Le modèle conceptuel le plus utilisé pour penser les soins infirmiers définit pour tout individu un besoin fondamental d'agir selon ses valeurs et croyances. Ce qui consiste en la nécessité pour tout être humain de poser des gestes, des actes conformes à son éthique, à la conception et au sens qu'il donne à la vie.

          Partant de là, croyants et incroyants se retrouvent sur un même pied d'égalité les uns autant que les autres ayant fondamentalement besoin de poser gestes et actes conformes aux sens, forcément différents, qu'ils donnent à leurs vies. Là où intervient la laïcité, ce n'est pas pour confiner les croyances, quelles qu'elles soient, à l'espace exclusivement privé, mais pour s'ériger en Pilier de la République et  Condition du Vivre ensemble. L'État laïque se doit de faciliter la coexistence pacifique de toutes les croyances et incroyances sans en favoriser aucune et bien sûr il a le devoir de combattre les mouvements sectaires ne respectant pas les Droits Humains. Combat mené en tout premier lieu par l'éducation populaire, l'accès à la culture pour tous et la formation citoyenne, mais pouvant dans certains cas se poursuivre par l'action judiciaire.

          Exit In God We Trust, Schweizerpsalm, et Daech ! Exit l'athéisme d'État ! L'agent public ne doit financer aucune activité religieuse ou athéiste, point barre. Et quand il subsiste au sein des états des héritages historiques comme par exemple les concordats, il appartient aux peuples  de les remettre régulièrement en question par voie référendaire. Mais c'est bien connu : l'expression de la vox populi fait toujours très peur tant à certains politiques qu'à certains religieux ! 


Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.  

Jn-Mc 



Source Illustration : M Blogs