Place au Peuple

vendredi 30 novembre 2018

Le Monde vu par les Mahu - Albanie (6)

Salut & Fraternité,

          Féru d'histoire et de géographie en général, Albert Mahuzier s'intéresse aussi aux histoires particulières des petites gens, à leurs espaces et modes de vie. Ce qui lui inspire quelques réflexions philosophiques, comme par exemple lors de la visite du site archéologique de Butrint découvert en 1928 par l'archéologue italien Luigi Maria Ugolini (1895-1936) et en cours d'aménagement en 1964 : "Ce qui frappe dans la visite de Butrint, ce n'est pas tant de savoir que dix civilisations se sont succédées ici, que de constater leur effacement total sous l'implacable attaque de la nature. En cent ans d'abandon, la végétation a tout fait pour étouffer le décor civilisé que les plus rapaces des envahisseurs et la promenade à travers la forêt vierge où les ruines sortent les unes après les autres du fouillis de verdure enchevêtrée est fort romantique, d'un romantisme qui nous pousse à de saines réflexions sur les vanités humaines." (pg 176). Il obtient d'Albtourist la très rare et précieuse autorisation d'y revenir pour y camper afin de réaliser des prises de vue au coucher du soleil. C'est alors l'occasion de passer plus de temps avec les archéologues rencontrés plus tôt : "Démosthène et Spiro, joyeux comme des pinsons, nous firent une réception grandiose. [...] Une première réception avait été organisée dans la pièce d'honneur. Nous trinquâmes avec du raki, accompagné de petites poires sauvages, à l'amitié albano-française, aux futures découvertes archéologiques de nos amis tandis que Janine, très prosaïquement, raccommodait le short de Démosthène, où certains jours se faisaient sentir." (pg 181).

          Ce fameux raki dont il finit par connaître quelques uns des secrets de fabrication : "Nous partîmes de bonne heure, pour longer d'abord le pied de la Morava, jusqu'au village de Boboshtice (=Boboshticë), niché au milieu de magnifiques mûriers couverts de fruits noirs avec lesquels se fabrique le raki le plus apprécié d'Albanie. [...] L'après-midi nous repartîmes à Bobohshtice assister à la récolte des mûres et à à la fabrication du raki. L'opération était fort primitive : les enfants secouaient les arbres, et faisaient tomber les mûres, très mûres, dans la poussière. Ensuite, ils les ramassaient sans grand soin pour les porter à l'atelier de distillation. [...] Mais le spectacle le plus amusant que nous vîmes s'offrit à nous quand nous entrâmes dans l'antre des bouilleuses de cru. De vieilles femmes, toutes de noir vêtues, distillaient ce jus noir, dans de noirs chaudrons, et la pièce obscure où se déroulait l'opération ajoutait encore à nos personnages une saveur de vieilles sorcières. L'alambic était bien primitif. Régulièrement une vieille venait jeter le résidu de mûres écrasées, et un liquide opaque, aux senteurs aigres, s'écoulait tout simplement à travers le village que l'odeur ne gênait pas. Il fallut goûter le premier jus, encore tiède, assez écoeurant, mais délicieusement parfumé, et après avoir félicité et remercié les vieilles sorcières, nous négociâmes l'achat de quelques litres de Raki."  (pg 271 + 279 + 280)

          Les vieilles gens ne manquent pas de surprendre la famille Mahuzier comme, autre exemple, une improbable chorale : "Le guide nous attendait ; il avait entre-temps organisé une attraction en notre honneur. La Chorale des Vieux nous donnerait une sérénade à la Maison de la Culture vers 18h30. Je renâclai : une chorale de vieux ! Nous allions sans doute entendre des vieillards de l'asile nous chanter d'une voix chevrotante les beautés du régime actuel et je partis comme un chien battu, trahi par la famille qui préféra préparer le départ du lendemain. Par pure politesse Louis, Christine et Jacqueline, puis finalement François m'accompagnèrent. Quelle ne fut pas notre surprise de trouver à la Maison de la Culture une élite d'hommes de Korça (=Korcë), des vieux de 40 à 78 ans, en majorité formés au lycées français et dont une grande partie parlait parfaitement notre langue ! Le problème se posait bien différemment de ce que nous avions envisagé. ce n'était plus une corvée mais une soirée de gala et Louis partit chercher son magnétophone. Ce coeur d'hommes était mené par un chef que n'aurait pas désavoué de bons ensembles soviétiques dont la technique avait été très bien assimilée. [..] Nous entendîmes successivement des chants d'amour, des chants de partisans et des hymnes patriotiques. L'orchestre était soutenu par un piano, deux mandolines et une guitare." (pg 284).   (Fin)   


Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.

Jn-Mc


          # Si d'aventure ces articles ont suscité en vous l'envie de visiter l'Albanie Alain Mahuzier, le benjamin des neuf enfants d'Albert et Janine, archéologue, cinéaste et conférencier, organise au printemps 2019 un voyage de 15 jours pour 10 personnes maximum intitulé "Le tour de la Grande Albanie" à retrouver sur son site web.   


Source Illustration & Référence Bibliographique : L'Albanie entrouvre ses frontières par A. Mahuzier 1965 Presses de la Cité
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jeudi 29 novembre 2018

Ohé les GJ : osez le p'tit commerce !

Salut & Fraternité,


         Bon alors là les Gilets Jaunes, ça suffit ! Challenges explique comment vous plombez la fréquentation des commerces, Capital reprend en titre le Le Mairien "impact sévère" du mouvement sur les commerces et Le Figaro dénonce un week-end noir pour le commerce. Vos blocages vont vous revenir en pleine face comme un boomerang quand vous aurez affamé la France d'En Bas. Mais seulement celle d'En Bas, parce que celle d'En Haut elle continue pendant ce temps à s'approvisionner chez Fauchon et Lenôtre, plutôt qu'au Späti du bas de l'immeuble ou à la Trinkhalle du coin de la rue ! 

          Certains d'entre vous ont il y peu, foutu la zone chez Amazon. "Nous faisons cela pour protester contre ces sociétés comme Amazone, qui se font de l'argent sur le dos des travailleurs et ne payent pas leurs impôts en France." affirmait l'un des portes-parole de la mobilisation. Voilà un discours bien plus cohérent que le protéiforme "trop de taxes" mettant dans le même sac impôts directs ou indirects et cotisations sociales appelées à tort charges. Si les riches payaient leurs impôts le déficit public, le trou de la Sécu, la dette, le chômage n'existeraient pas. Il n'y a pas à tortiller, c'est là qu'il faut torpiller et vite car l'Élysée joue la montre. 

          Par ailleurs, si vous voulez donner à votre mouvement un visage sympathique : soutenez activement le petit commerce. La baguette achetée dans une vraie boulangerie est plus chère que celle d'un hypermarché mais l'une vous nourrit et vous rassasie tandis que l'autre vous pourrit et vous affame. Le maintien de petits commerces tant dans les zones rurales qu'urbaines est un enjeu capital pour la transition écologico-énergétique. Quand les commerces seront tous concentrés dans de gigantesques centres commerciaux il y aura encore plus de voitures sur les routes et l'air sera encore moins respirable. Les petits commerçants ne demandent qu'à baisser leurs prix pour gagner de nouveaux clients mais il faut qu'ils vendent suffisamment pour s'en sortir. Donc, ici comme ailleurs il suffirait juste d'amorcer la pompe. Alors vous qui avez commencé par un ras la pompe à essence, pour maintenant structurer vos revendications et quand certain-e-s comprennent que l'origine du mal se nomme Kapital, pourquoi ne tentez-vous pas de vous relancer en mode "J'♥ les p'tits commerces" ? 




Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.


Jn-Mc

 Source Illustration : Miss International

mercredi 28 novembre 2018

Nouveau "patron" : à découper ?

Salut & Fraternité,


        "Alors comme ça t'as changé de patron !", me suis-je entendu interpellé par un mien collègue le 23/11 alors que la dernière phase du 38eme Congrès du PCF démarrait seulement le lendemain ! Pour la presse, source d'information naturelle du dit collègue, tout était visiblement déjà bouclé. Cette même presse qui pointant ironiquement les 100% des suffrages obtenus par Pierre Laurent à sa précédente réélection au poste de secrétaire national, ajoutant très discrètement qu'il n'y avait alors pas d'autres candidatures, fit alors qualifier par certains commentateurs télévisuels le score de soviétique. Je me souviens avoir connu à ce moment là un profond sentiment d'injustice tant le traitement de l'information renvoyait explicitement et implicitement à ce que n'est pas le PCF. Cette fois-ci, retour du balancier stalinien, ce fut la presse qui annonça le résultat des élections avant même leur tenue ! 

          Il est vrai que l'accession de Fabien Roussel au secrétariat national du parti ne faisait plus grand mystère, Pierre Laurent ayant compris qu'il devait laisser sa place, même s'il ne s'estimait pas pour autant devenu inutile. Pour ma part, j'estime que deux mandats c'est suffisant. Etre constamment en première ligne dans notre société multimédiatique ça use et par ailleurs, un mouvement politique progressiste se doit de s'inscrire dans une dynamique de continuel renouvellement à tous les niveaux. Contrairement à celles et ceux qui voulaient le pousser vers la sortie pour diverses autres raisons, je ne nourris aucune acrimonie à l'endroit de Pierre Laurent. S'il est une chose sur laquelle nous nous accordons tous c'est qu'il n'a jamais usé de son mandat à des fins de promotion ou d'enrichissement personnels. Pour le reste, il a hérité du Front de Gauche initié par Marie Georges Buffet en 2008 et liquidé par Jean-Luc Mélenchon en 2016. Si l'excellent Tribun de Gauche devenu Populist Addict s'est servi du PCF comme marchepied en 2012 pour ensuite nous la faire à l'envers en 2017 nous prenant ainsi pour des paillassons, en rendre seul responsable Pierre Laurent m'apparaît comme particulièrement intellectuellement malhonnête.

          Fabien Roussel arrive à la tête du parti avec un autre parcours et d'autres idées. Cependant, il ne faudrait surtout pas croire qu'il aura la tâche facile et voir en lui un quelconque homme providentiel. L'homme providentiel, ou plus exactement supposé tel, c'est du côté de LFI qu'il faut le chercher. D'où peut-être l'abandon par cette formation politique de l'Internationale proclamant sans équivoque : "Il n'est pas de sauveurs suprêmes : Ni Dieu, ni César, ni Tribun. Travailleurs, sauvons-nous nous-mêmes ; Travaillons au salut commun.". Gageons que Fabien Roussel, ayant lui aussi le verbe haut, ne sombre pas dans l'isolationnisme nombriliste. Dans les années 1980 une plaisanterie qui fit florès consistait à demander très sérieusement à un quidam quel était le magazine préféré de Georges Marchais. Évidemment la réponse qui venait à l'esprit de la personne interrogée était l'Humanité ou l'Humanité Dimanche. Ce à quoi elle s'entendait rétorquer : "Faux ! C'est Modes & Travaux... parce qu'il y a des patrons à découper.". Intronisé par la presse "patron" du PCF, Fabien Roussel va avoir à en découdre avec le patronat et plus précisément le grand-patronat chérit par le Golden Boy Élyséen. Grand-patronat qui, à n'en pas douter, met dès à présent ses nervis en ordre de marche pour tailler en pièces toute opposition clairement définie et structurée, ce qu'est depuis toujours le PCF à ce propos. Maintenant, Fabien Roussel a peut-être assez de finesse pour ne pas être prévisible au point de laisser apparaître des pointillés indiquant là où il devient alors facile de (le) découper...  


Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.


Jn-Mc

 Source Illustration : LCI

mardi 27 novembre 2018

Nouveau logo : renouveau, au bas mot !

Salut & Fraternité,

          À peine le PCF s'est-il doté d'un nouveau logo et, comme le disent certains, d'un nouveau patron ceux-ci font-ils déjà l'objet de critiques en externe évidemment mais aussi en interne. Trop ceci, pas assez cela et patati et patata. C'est vrai, quand l'enjeu principal est de vendre une lessive, il vaut mieux être bon pour placer le produit et comme le disait si justement Coluche à propos du Nouvel Omo, qui lave encore plus blanc : c'est plus long, le lundi il faut faire des noeuds dans le linge avant de le laver et après t'as le reste de la semaine pour les défaire parce que les noeuds qu'ont été mouillés, hein... Voilà, t'as compris là ou pas ? Non, bon, alors on va faire plus simple : un logo, même quand ça a été travaillé par des communicants et autres spécialistes, c'est une coquille vide ne prenant sens que par la grâce de ce (et ceux) qu'on met dedans. Un peu comme Macron, tu vois mieux là ? Une coquille vide qui avance à visage masqué, dixit Bruno Le Maire ex candidat LR et actuel ministre LReM. Coluche aurait adoré ça ! Une coquille vide pour laquelle se sont enthousiasmé(e)s 8.656.346 votant(e)s le 23/04/2017 ; coquille vide avançant alors à visage masqué et dégueulant d'ultralibéralisme aujourd'hui. Voilà, s'il avait bêlé "Parce que le marxisme, c'est notre projet !", JLM serait devenu ipso facto son principal opposant, la Châtelaine de Montretout en serait réduite à montrer tout pour gagner misérablement sa croûte et surtout on aurait pas aujourd'hui les Gilets Jaunes dans la rue ! C'est plus clair, maintenant

          Revenons au nouveau logo du PCF, coquille vide demeurant à remplir non seulement avec l'engagement de ses militant(e)s mais aussi et surtout avec l'adhésion de ses sympathisant(e)s et le vote de son électorat. Maintenant, coquille vide ne signifie pas pour autant coquille neutre et les concepteurs du logo y ont associé rouge sur blanc des symboles forts ancrant le parti dans un récit historique français allant à l'encontre du discours identitaire, isolationniste et rétrograde montant. L'humain, l'engagement, l'écologie, le temps des cerises, le progrès, l'étoile, la France ouverte ça nous parle à tous à Gauche sans qu'il soit absolument nécessaire d'y ajouter une faucille et un marteau. Symboles que je ne renie pas pour autant car ils font partie de notre histoire mais dans une dimension, plus internationaliste, si j'ose dire. La faucille et le marteau ça fait peur à nombre de jeunes d'aujourd'hui, mais ces mêmes jeunes sont capables de déduire, lors d'un voyage d'étude à Berlin, qu'avant la Chute du Mur la condition de la femme était meilleure en RDA qu'au sein de l'Allemagne maintenant réunifiée. Comme quoi on peut parler de progrès social et de luttes pour les droits humains avec d'autres outils. Et quand, lors de ce même voyage d'étude, ces mêmes lycéens en sont arrivés à causer accès au soins, à l'éducation et au logement, je ne vois raconte pas les rapports d'étonnement positifs. Ceci dit, pour le nouveau logo du PCF j'aurais aimé en arrière plan une autre musique que du pseudo Jean-Michel Jarre de très mauvaise facture, mais de toutes façons ça ne s'entendra pas sur les tracts et les drapeaux ! Tu vois ça que je peux aussi être critique...

           L'histoire du prétendu parti moribond que serait le PCF selon certains, eux bien morts et enterrés si non en instance de l'être, reste à écrire et malgré le charisme ou le manque de charisme de ses "patrons" c'est encore et toujours ses militant(e)s qui l'écrivent. LReM, combien d'électeurs et combien de vrai(e)s militant(e)s ? Aux décours des présidentielle et législative de 2017 on pouvait très légitimement se demander si les résultats dans les urnes n'étaient pas inversement proportionnels au nombre de fantassins engagés dans la bataille ! Sans compter les vacheries mélenchiennes qui per(or)durent, mais refuser de vendre son âme n'a pas de prix, contrairement à se prostituer dans la fange populiste, activité tarifée selon les cours fluctuants du marché, pour ne pas dire de la bourse. Ce dont tout parti ou mouvement politique a besoin, c'est d'un constant renouvellement qui ne doit pas pour autant passer par la négation de son histoire et le bradage de ses valeurs. L'exercice est difficile mais il en vaut la peine.        


Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.


Jn-Mc


 Source Illustration : PCF86

lundi 26 novembre 2018

De la tragédie du Gilet Jaune...

Salut & Fraternité,

          D'abord dédaignés par nombre de médias, ensuite questionnés et maintenant courtisés les Gilets Jaunes sont désormais à la une. D'aucuns pensent que cette ascension est due aux mobilisations des 17 et 24 Novembre, véritables démonstrations de force visant à mettre le pouvoir à genou. Après les Actes I et II viendra l'Acte III ont-ils déjà annoncé. Si l'on se réfère à la littérature, la tragédie qui s'est calée sur un schéma en trois actes à la Renaissance est allée jusqu'à cinq aux siècles suivants. Acte I : exposition de la situation et des personnages. Ça c'était le 17/11. Acte II : apparition de l'élément perturbateur. Ça c'était le 24/11. Acte III : recherche par les protagonistes d'une toujours possible solution au drame. Ça ça pourrait se jouer à partir du 27/11 mais vu le tweet du Méprisant de la République il faudrait vraiment un coup de théâtre pour retourner la situation. Restent les deux actes suivants. Acte IV : impossibilité pour les protagonistes d'échapper à leurs destins, l'action se nouant définitivement. Acte V : dénouement entraînant la mort d'un ou de plusieurs protagonistes. Quelle sera l'issue de ce mouvement que certains envisagent de poursuivre au delà des fêtes de fin d'année et d'autres s'apprêtent récupérer comme un cadeau de Noël tombant du ciel à la manière du bouquet de la mariée tandis qu'à cette heure ils misent déjà en douce sur la jarretière ?

          Des intellectuels pas piqués des vers ont déjà théorisé sur ce mouvement qui d'ici peu fera l'objet d'études politico-sociologiques de niveau universitaire. Moi qui suis un peu bourrin genre Comtois je vois d'abord de braves gens qui, entre nous soit dit ont manqué maintes occasions de se mobiliser auparavant pour préserver notre modèle social, se retrouvent aujourd'hui embringués dans un mouvement ayant pour revendications phares la démission du pouvoir et la réduction de la pression fiscale. Je sais bien que la liste est longue et que certains ont même remis au goût du jour les Cahiers de Doléances. Toujours est-il que je n'ai entendu jusqu'ici que très peu de remise en question franche du système capitaliste à l'origine de tous les problèmes listés. Système grâce auquel un parfait inconnu jusqu'à son arrivée dans les cabinets ministériels de Hollandie a réussi en un tournemain à se hisser au sommet de l'État. Par ailleurs, certains leaders du mouvement sont tout de même très marqués droite dure et extrême-droite. Alors quand j'entends ce matin un certain Cauchy annoncer que le mouvement en recherche de portes-parole va se doter de représentants désignés et donc non-élus je me dis, bourrin que je suis : "Voilà comment un mouvement populaire est barboté au peuple, au profit d'immondes populistes.". L'extrême-droite use de la démocratie pour accéder au pouvoir puis, une fois installée, prend bien soin de la bâillonner. Refaire des élections : oui. Amener au pouvoir la médaillée d'argent du second tour 2017 et sa  bande de longs-couteaux : non ! Pas plus que le Number Four d'ailleurs qui, au demeurant infiniment moins dangereux que la Châtelaine de Montretout ,ne sera pas plus démocrate s'il persiste à s'isoler dans son actuel état d'esprit.

          En regard des derniers événements, il y a fort à parier que nous passions de l'Acte II à l'Acte IV sans aucune transition et pour les fêtes se jouera l'Acte V, sans que le seul, unique et vrai responsable de tout cela ne soit appelé à comparaître à la barre. L'immense majorité des Gilets Jaunes se seront, le cas échéant, fait rouler dans la farine et les plus fidèles serviteurs du capitalismes se verront récompensés au centuple pour avoir renvoyé le Golden Boy  Élyséen à ses chères études et installé enfin dans ce pays un régime stable façon Bolso qui permettra à l'économie virtuelle de connaître une embellie au détriment du monde réel. Mais le réel, paradoxalement, tout le monde s'en fiche malgré les revendications concrètes affichées car depuis des semaines seuls les ressorts de l'imaginaire bisounours et les fantasmes de l'apolitisme fonctionnent à plein rendement. Quand Brecht parlait des analphabètes politiques, il s'adressait aussi à ceux qui, se disant apolitiques, pensent faire l'économie d'une réflexion politique alors que d'autres se chargent de réfléchir pour eux... 


Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.


Jn-Mc

 Source Illustration : Renaud Favier


dimanche 25 novembre 2018

When pastors prey....



Salut & Fraternité,


          Dans son numéro du 22/11/2018 l'hebdomadaire Réforme consacre un dossier aux violences faites aux femmes...  dans l'Église. Avec le même franc-parler dont ils ont précédemment usé pour traiter de l'impact de #Me Too sur les églises étasuniennes et de la pédophilie dans l' Église Catholique les auteures des quatre articles ne s'embarrassent pas d'éléments de langages et de périphrases. Les témoignages tels que celui de Colette Fébrissy, psychologue clinicienne, posent clairement la problématique : "Je discute avec elle et elle me raconte les violences qu'elle conjugales subit. La relation est à un stade où des menaces pèsent sur sa vie. Je lui dis qu'elles ne sont pas fortuites et qu'il risque de passer à l'acte. A-t-elle un lieu sécurisé pour se réfugier avec ses trois enfants ? Elle me dit qu'elle peut aller chez sa mère. Je ne la revois plus. Quatre mois plus tard, j'apprends qu'elle a été tuée par son mari. Je me dis que c'est dommage qu'elle n'ait pas entendu mon alerte. Mais en fait, si. Plusieurs années après, j'ai appris qu'elle était bien partie se mettre à l'abri chez sa mère. C'est l'Église qui a fait pression pour qu'elle rentre chez elle. Je ne décolère pas.". Abus de pouvoir ecclésial auquel  la théologienne Valérie Duval-Pujol répond par : "À partir de quand Dieu unit-il deux personnes ? Parce qu'un pasteur l'a déclaré . Qui sommes-nous pour parler au nom de Dieu ? [...] En théologie protestante, le mariage n'est pas un sacrement. S'il est important d'aider les couples à traverser des crises, il faut redire que le couple n'est pas une entité mise au-dessus de tout autre impératif, à commencer par la survie physique ou psychique de chaque conjoint.". Ce qu'a parfaitement compris Guillaume de Clermont lorsqu'il parle d'expérience : "J'étais démuni (face à des femmes victimes de violence conjugale) car nous ne sommes pas très outillés sur le sujet. J'ai raisonné comme un pasteur quant à l'écoute et comme un citoyen pour les démarches. En tant que pasteur, nous avons des relations avec les autorités civiles et judiciaires, j'ai sollicité ces responsables et les ai mis en contact avec ces femmes.". Raisonner comme un pasteur et agir comme un citoyen, voilà une démarche qui évite tout enferment dans de faux dilemmes ayant pour raison cachée le choix de la non-action.

          En Suisse Romande Christel Chapatte, elle même victime, s'en est sortie en fondant "Au-delà des masques" une association dont le nom ne laisse transparaître aucune connotation religieuse tant la problématique est taboue dans l'Église. Depuis 2016 plus de 300 personnes y sont suivies et entre 4 et 5 personnes contactent le site internet chaque semaine depuis janvier 2018 : "Dans une telle relation, nous identifions toutes formes de violences : psychologiques, économiques, spirituelles, sexuelles, physiques. C'est difficile d'imaginer qu'un pasteur est capable de violer sa femme le samedi soir et de prêcher le dimanche matin. Et pourtant, il y en a." Ce à quoi elle ajoute : "Nous avons aussi des hommes victimes de femmes manipulatrices.". Non pour rétablir un quelconque équilibre de toutes façons factice, mais pour faire très honnêtement l'état des lieux. Valli Boobal Batchelor affirme que "Entre 90 et 95% des victimes d'abus sexuels de la part du clergé sont les femmes. Pourtant très peu de choses ont été écrites sur ce phénomène encore plus répandu que celui des abus sexuels commis sur des enfants.". Elle fut chargée par l'ONU de coordonner il y a 5 ans la création d'un rapport intitulé "When pastors prey". Ouvrage au titre jouant habilement sur les mots, to prey on" signifiant "exploiter, choisir ses victimes parmi..., s'attaquer à..." donc à l'opposé de "to pray" traduisible par "prier, implorer, transmettre une requête". Ce travail a très largement scanné les différentes obédiences de la constellation du protestantisme mais aussi les institutions catholiques. Samantha Nelson, l'une des contributrices, précise : "Avec le récent mouvement #Me Too, de nouveaux cas d'abus ont été exposés en pleine lumière, y compris le cas d'abus sexuels commis par des responsables religieux, d'où la naissance du mouvement #Church Too.". Elle a co-fondé avec son mari en 2012 le réseau "The Hope of Survivors" : "L'un des plus gros défis auxquels nous devons faire face est de parvenir à faire comprendre aux gens que ces abus sexuels n'ont rien à voir avec un adultère. Les gens estiment que puisqu'il s'agit d'une victime adulte, il ne peut pas s'agir d'un abus. Mais ils ne tiennent souvent pas compte du déséquilibre de pouvoir entre un membre du clergé et une fidèle.". 

          En Italie, pays où "La violence faite aux femmes est une urgence nationale." car "Chaque année elles sont des milliers à subir la violence des hommes et plus de cent d'entre elles sont assassinées.", des églises évangéliques sont sur le pont. Dora Bognandi rapporte :"Les Églises ne sont pas innocentes, elles ont une grande responsabilité. Et pour cela nous travaillons sur trois fronts : d'abord théologique en cherchant à comprendre les dynamiques qui ont pu renforcer ces stéréotypes, puis ecclésiologique ou comment au sein des communautés les femmes peuvent-elles obtenir la parité des genres en apportant leur talent, leur capacité et leur leadership. Enfin, il est nécessaire de mener, sur le font social, une action culturelle et spirituelle et d'intervenir à travers l'écoute, la formation et l'éducation.". Elle décrit l'engagement de la Fédération italienne des femmes évangéliques remontant à 1988 travaillant de concert avec des associations non-confessionnelles. Nous voilà à des années lumières des culs-bénits étasuniens et brésiliens qui ont très largement contribué à porter au pouvoir d'immondes sexistes tels que Donald Trump et Jair Bolsonaro... 


Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.


Jn-Mc

  
 Source Illustration : Réforme n°3778 22/11/2018

vendredi 23 novembre 2018

Le Monde vu par les Mahu - Albanie (5)

Salut & Fraternité,

          Ce sont les rencontres qu'Albert Mahuzier apprécie par dessus tout au cours de ses expéditions. Si ses films, livres et conférences contribuent très largement à apporter au grand public une meilleure connaissance du monde,  ils n'ont de sens que par leur dimension profondément humaniste. Les conditions réelles de vie des gens rencontrés durant les expéditions ont une importance capitale car le but de la démarche est de raconter le pays en y ayant vécu au plus près de ses habitants.

          En 1964 l'Albanie n'est pas seulement un pays d'émigration mais aussi de remigration. À Vuno "...nous rencontâmes d'anciens émigrés qui avaient fait sinon fortune tout au moins s'étaient constitué un petit magot en France. «La vie était encore assez dure en Albanie, nous avouèrent-ils mais le progrès se manifestait par l'eau et les camions. Ils ne cachèrent pas une certaine nostalgie de leur jeunesse dans ce pays de cocagne qui s'appelle la France, mais maintenant il n'était plus besoin d'émigrer. Le pays nourrissait ses habitants.» C'était le plus bel hommage qui pouvait être rendu à l'Albanie actuelle." (pg 213-214). À Dardhe (=Dardhë) un étonnant comité d'accueil les attend : "Une demi-douzaine de vieux messieurs, impeccablement soignés nous accueillirent à l'américaine, avec de grands tapes dans le dos et de joyeux «Hello !». C'était les émigrés qui avaient fait fortune à Boston et étaient revenus finir leurs jours à Dardhe. Certains avaient passé 30 ans aux États-Unis, un autre 52 ans. La vie américaine avait imprégné leur physique et leurs mâchoires carrées, façonnées par la mastication du chewing-gum étaient typiquement américaines. [...] Grâce à un profond amour du sol natal, la vie en Albanie ne leur semblait pas pénible, au contraire. Ils étaient plus chauvins que les plus chauvins des Albanais, plus hospitaliers que les plus hospitaliers des Albanais. Je profitai de cette occasion pour signaler à mon guide que si l'émigration était sur le plan humain une catastrophe, par contre elle avait élargi l'esprit de milliers d'Albanais, et qu'il ne fallait donc pas la vouer totalement au diable." (pg 272-273). 

          Les retraites des Albanais restés aux pays sont tout de même moins confortables que celles des émigrés remigrés mais... "L'interprète que j'interrogeai me confia que les retraites atteignaient atteignaient 50%, et même 80% du salaire. Il ne fallait donc pas les comparer à cette aumône de misère appelée chez nous la retraite des vieux (minimum vieillesse), mais plutôt aux assurances individuelles, aux retraites des cadres ou aux retraites privées et publiques dont bénéficient de très nombreuses personnes en France. Par contre, reconnaissons que les plus humbles serviteurs de la société étaient mieux traités en Albanie qu'en France, et cette supériorité est une victoire de toutes les républiques populaires." (pg 200). Pour Albert Mahuzier, dont nombre de valeurs procèdent du christianisme-social, la notion de justice sociale n'est pas juste une vue de l'esprit ! À la station thermale de Lixhat (=Llixha) il observe : "Les malades venaient de toutes les couches de la société, par un système de sécurité sociale qui mettait les frais à la charge de la communauté. Il n'y avait donc pas, comme chez nous, ces irritants problèmes de pourcentages de remboursements." pg 239). À Gyrocastre (=Gjirokastër) il découvre l'exercice semi-privé de la médecine un peu à la façon des Sociétés d'Économie Mixte : "Notre interprète qui appartenait à une famille de docteurs ne fit aucun mystère pour nous expliquer qu'un docteur recevait de l'État 12.000 à 14.000 leks par mois, c'est à dire le double du salaire d'un ouvrier, et que par surcroît, il améliorait grandement sa situation avec une clientèle privée. Dans cette république populaire d'Albanie, les docteurs redevenaient donc des «micro-bourgeois» , ce qui me parut une situation assez différente de celle de la corporation médicale en U.R.S.S."(pg 205).                                         (À suivre...)   


Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.

Jn-Mc

Source Illustration & Référence Bibliographique : L'Albanie entrouvre ses frontières par A. Mahuzier 1965 Presses de la Cité
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jeudi 22 novembre 2018

Wos esch dis fur eini ?

Salut & Fraternité,


          "L'Alsace enchantée, cinquante recettes pour sublimer le quotidien", verdammi que voilà un titre qui sent bon le terroir et l'unsri Heimet ! En plus 's kommt fér Winààcht, c'est-y pas une belle idée de cadeau, ma bonne dame ? Alors voyons voir qui a écrit ce recueil enchanteur, Suzanne Roth ou Simone Morgenthaler, forcément ? Nei, Leïla Martin, Leï-la Mar-tin wos esch dis fur eini ? Ben oui ma p'tite dame les temps changent ! Le Stëckelburjer* style de Sür un Siess  est un peu désuet et dans notre coeur le carpe diemisme sündgaüvien de Suzannele n'occupe plus forcément la première place. Cependant, à défaut d'être indémodables les classiques de la littérature culinaire alsacienne du 20ème siècle demeurent incontournables. Dos d'Kerich em Dorf bliet, mais laquelle ? La catholique ou la protestante ? Ach, cette fichue dualité que l'ascenseur de l'histoire alsacienne nous fait retrouver à tous les étages ! 

          Mais là, au 21ème siècle, à l'heure où des Dupont Lajoie médiatico-politiques se déchaînent pour des histoires de prénoms, Leïla Martin dans l'Inconscient ça parle, comme disait Lacan et notamment dans le très jungien Inconscient Collectif ! Leïla Martin est née à Dax, d'une mère marocaine et d'un père franc-comtois. La famille a déménagé plus de trente fois avant de se fixer en Alsace quand Leïla avait quinze ans la faisant ainsi renouer avec son ascendance paternelle Hoenheimoise. Terra incognita jusqu'alors s'Elsass est devenue son pays. Nombreux apprentissages en autodidacte, intérêt marqué pour la cuisine, multiples rencontres et la voilà qui en 2014 lance un blog et s'inscrit à un concours. Ça marche du feu de Dieu et maintenant elle sort un bouquin avec la  bénédiction de sa seigneurie Pudlowski se la jouant toujours très Curnonsky

          Dans une interview réalisée par Éric Genetet elle s'enthousiasme : "Ce qui est dingue c'est que je viens, avec ma tête d'arabe, raconter la cuisine alsacienne, et vous n'imaginez pas les messages de gratitude, les témoignages que je reçois, c'est hyper émouvant. Les gens sont beaucoup plus ouverts et bienveillants qu'on ne le pense. Ils se sont appropriés mon blog.". C'est d'autant plus méritoire qu'elle ne craint pas l'excommunication pour iconoclastie car elle n'y va pas avec le dos de la cuillère dans ses revisitations des grands classiques : Fleischkiechle à... l'orientale, Biebeleskaes au... safran & citron confit, Linzertörte à la... mirabelle, Tian de légumes d'été à la tapenade et au... Munster blanc, Empanadas de... choucroute au tofu fumé et aux épices, Schneckekueche... au pesto de noix, Comté et bacon ou alors la variante pesto de basilic, tomates confites et mozzarella, Grumbeerekiechle de... patate douce à la coriandre et au gingembre pour n'en citer que quelques uns. En fait, la cuisine c'est comme la génétique : les mélanges font des enfants plus grands et plus intelligents. Par ces temps de replis sur soi généralisé, Leïla Martin nous sauve assurément de la consanguinité culinaire ! 

Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.


Jn-Mc

Source Illustration : Je vais vous cuisiner

NB : Samedi 01/12/2017 Séance de dédicaces à la Maison de la Presse à Haguenau de 15:00 à 17:00
*Stëckelburjer = membre de la bourgeoise strasbourgeoise assez aisé pour se promener avec une canne.

mercredi 21 novembre 2018

Le Pèr(v)e(rs) Noël viendra-t-il avec un mois d'avance ?

Salut & Fraternité,


          Le 24 Novembre, il se pourrait que pour le Petit Président le Père Noël arrive avec un mois d'avance. En tous cas c'est ce qu'espèrent les Gilets Jaunes en montant à Paris mais, si le Golden Boy Élyséen la joue fine, et il a pour l'instant la main, il n'est pas exclu que cette journée soit un remake de l'arroseur arrosé, notamment de lacrymos mais pas que. Comment ça, mais que dis-tu là ennemi du peuple, révolutionnaire de salo(o)n, briseur de grève ? Bon ben d'abord, l'ennemi du peuple il exècre le populisme qu'il soit de droite ou de gauche. Le révolutionnaire de salon il a passé dans sa vie plus d'heures à battre le pavé dans la rue que nombre de Gilets Jaunes qui après avoir durant des années accepté sans broncher toutes les lois cassant notre modèle social se découvrent un beau matin séditieux suite à une brutale augmentation du prix du carburant. Le briseur de grève, il en a fait et en fera encore de vraies avec retenue sur salaire, et puis pour briser une grève encore faudrait-il qu'il y en ait une de déclarée...

          C'est justement ce dernier point qui, entre autres, permet au Dandy de la Finance de garder la main. On bloque tout, qu'ils disaient. Entendant ça l'old-red que je suis s'attendait à des blocages d'usines, des grèves dans les services publics et privés, et bien non : il y a trop de taxes alors on s'en prend à l'État. Mais qui c'est qu'a amené un commis aux écritures de chez Rothschild au sommet de l'État ? Ceux qu'ont voté pour lui au second tour ? Mais bien sûr, parmi les Gilets Jaunes il n'y en a absolument aucun(e) qui a voté pour lui au second tour par crainte, par dépit, par défaut, par erreur ou, oserais-je le dire, par conviction ! Et je ne parlerai pas du premier tour (de prestidigitation) et des législatives où même une chèvre estampillée EM aurait été élue ! La force obscure qui a propulsé Manu l'Embrouille au pouvoir c'est bien le prétendu adversaire d'un certain François Hollande qui une fois élu s'est empressé de lui lécher les bottes avec ANI, CICE et autres joyeusetés. Quand une boite comme Renault licencie des salariés sa cotation à la bourse s'envole mais quand son big-boss est pris la main dans le sac par les Japs pour fraude fiscale sa valeur plonge. Ca vous dit quelque chose de l'état du Monde ça, les Gilets Jaunes ? Tiens, j'vais vous filer un scoop : si tous les riches payaient leurs impôts il n'y aurait ni trou de la sécu, ni dette, ni chômage. L'État Républicain et Démocratique doit redistribuer les richesses alors que l'État Macronien Autocratique favorise les riches. Pour faire tomber le Chef de l'État il faut s'attaquer à ses meilleurs soutiens et pas s'emmerder entre voisins de palier en se mettant sur la gueule à qui mieux-mieux !  

          Par ailleurs, si vous croyez que la répression molle du week-end dernier est un signe de faiblesse c'est sans doute que vous n'avez jamais participé ou du moins observé une partie de poker. Il allait tout de même pas abattre ses cartes dès le premier jour le Manu-la-Manip ! Vous vous sentez forts, les chiffres officiels de la mobilisation donnés par l'État sont ridiculement bas, il y a eu quelques interventions des forces de l'ordre mais à minima, des blocages persistent, que vous êtes jolis, que vous me semblez beaux, sans mentir, si votre ramage se rapporte à votre plumage, vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois, et on connaît tous la suite. Si un seul mouvement social organisé dans les règles par les syndicats avait fait autant de victimes que vos opérations coup-de-poing le pouvoir et une certaine presse auraient crié en coeur leur indignation dès la première heure. Tous les syndicats et les formations politiques impliqués auraient été discrédités à jamais, et là ça ne vous étonne pas que seulement quelques propos à la bon-papa vous condamnent mollement ? Ben non, c'est normal, vous êtes tellement forts et le pouvoir a tellement peur ! Eh, j'vais vous filer un autre tuyau, là faudra un peu lire mais ça vaut le coup : 孙子兵法Bon, c'est traduit en plusieurs langues dont le français : L'Art de la Guerre par Sun Tzu (554-496 av JC). Je sais bien, ça date un peu mais en matière d'art dit militaire les Chinois n'ont de leçons à recevoir de personne. Le Petit Président, c'est pas la moitié d'un con et s'il est arrivé au sommet de l'État c'est bien sûr grâce au soutien des puissances d'argent mais aussi grâce à un talent certain de stratège qu'il serait imprudent de minimiser. Son potentiel de nuisance et ses capacités dictatoriales n'ont pas encore atteint leur summum. Allez donc à Paris emmerder les Parisiens, vous allez voir comment il va vous coincer dans une souricière. Si vous saccagez l'une des plus belles ville du Monde, le Monde entier sera contre vous. 

          Le dessin humoristique illustrant cet article n'a pas une seule clef d'interprétation. La théorie de la grenouille ne  s'applique qu'avec une montée progressive de la température. La montée brutale à laquelle nous assistons ces dernières semaines est parfaitement contrôlée. La preuve : les victimes s'en prennent à l'État qui aura en son temps toute légitimité pour leur casser la gueule. Par contre les commanditaires, c.a.d les financiers, les riches, les grands patrons, ils peuvent dormir tranquilles. C'est pas les ronds-points et les échangeurs d'autoroutes qu'il faut bloquer mais investir les lieux symboliques du pouvoir et surtout arrêter les chaînes de production afin d'imposer une politique de redistribution de la richesse. Mais bien sûr, je n'y comprends rien, les fautifs c'est l'État et les lois. Trop d'État et trop de lois, c'est exactement le credo des ultralibéraux qui veulent faire de chacun de nous des kleenex de l'économie de marché. Trop de social, c'est aussi un mantra des mêmes inhumains associés. Arrêtez donc de chasser le Dahu et mettez vous à suivre la trace du capital pour remonter jusqu'à lui et enfin lui  exploser sa sale face de cul !  
      

Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.


Jn-Mc

 Source Illustration : Dessins & Blagues

mardi 20 novembre 2018

30ème jour...

Salut & Fraternité,


          Cela fait aujourd'hui trente jours que des militant-e-s se sont engagé-e-s dans une grève de la faim. Des militant-e-s qualifié-e-s et autoqualifié-e-s d'Anti-GCO alors que leur combat dépasse la question de la construction ou non d'une autoroute supplémentaire. Les enjeux portent, à mon sens, sur les choix de s'engager ou non dans une démarche de transition écologique et de faciliter ou non la genèse d'un scandale sanitaire à venir. "L'inconscient construit une autoroute, le sage plante un arbre.", disent-ils avec raison en associant les actes aux paroles et j'ai envie d'y ajouter, "Les inconscients se baffrent, le sages font la grève de la faim.". 

          De quoi les inconscients se baffrent-ils ? De malbouffe assurément, mais pas que. Ce dont les Pro-GCO et les Sans-Opinion-GCO se gavent n'est pas tant les produits alimentaires de qualité plus ou moins douteuse que d'énergie tant d'origine fossile que nucléaire avec toutes les conséquences que cela implique à court, à moyen  et à long terme. À ceci près qu'avec le nucléaire le long terme peut arriver non seulement inopinément mais en plus durer des milliers d'années. La grève de la faim des militant-e-s que je qualifierait plus de Pro-Transition-Écologique que d'Anti-GCO nous renvoie très simplement à la définition de la croissance. Si nous mettons derrière ce mot l'accumulation des biens matériels et la consommation à outrance son usage est impropre car il s'agit là de décadence et non de croissance. En faisant passer l'avoir avant l'être nous générons l'injustice sociale et organisons notre propre décadence. Autant est-il absurde de revenir au temps des diligences et de l'éclairage à la bougie, autant est-il illusoire de penser qu'on pourra continuer à surconsommer sans conséquences. La création d'une autoroute supplémentaire n'a jamais fait baisser le trafic. Au contraire, ça l'a amplifié par cet effet d'aspiration  appelé trafic induit

          Pour making our planet great again il faut repenser nos modes de déplacement et de consommation, pas créer des autoroutes et casser le prix des carburants, même si pour ce dernier le prix du litre relève de la pire injustice sociale. Les grévistes de la faim, méprisé-e-s avec la pire bassesse par le sommet de l'État, nous montrent avec courage la direction à prendre, mais bien sûr les intérêts des puissances d'argent et l'abrutissement des masses ayant pris de telles proportions dans notre société malade de son individualisme forcené, trop peu de nos concitoyens sont prêts à les entendre. Le GCO c'est assurément un gâchis d'argent public et une menace pour la santé publique. Logiquement tout le monde devrait se sentir concerné, notamment en Alsace et plus particulièrement dans la région de Strasbourg. Combien de gilets jaunes y avait-il ce week-end dans la ZAD de Kolbsheim et autour des grévistes de la faim ? Combien dites-vous ? Pardon, je n'ai pas clairement entendu la réponse...    


Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.


Jn-Mc


 Source Illustration : Facebook 

lundi 19 novembre 2018

Ìch düe dìch gràtüliara, Jy's !

Salut & Fraternité,

          Le 12 Novembre, via l'association culturelle et sportive d'aide aux détenus de la Maison d'Arrêt de Colmar, le chef doublement étoilé Jean-Yves Schillinger a confectionné sur place et servi un repas d'exception aux soixante-dix détenus et aux personnels cet établissement pénitentiaire tristement connu depuis le printemps pour ses colonies de punaises de lits d'une étonnante résistance aux traitements ayant nécessité cet automne le transfert d'une soixantaine de détenus. C'est vous dire si ni la population ni l'environnement n'étaient familiers à ce chef alsacien particulièrement talentueux. Cette idée avait germé dans l'esprit de Marguerite Rodenstein, présidente de l'association, lors d'un dîner au Jy's. Jean-Yves Schillinger a dit banco, il est venu à la Maison d'Arrêt accompagné de deux personnes, dont un chef, et ils se sont attelés à la préparation du déjeuner avec le concours d'une dizaine de détenus affectés d'ordinaire à la cuisine. 

          Un moment de partage exceptionnel assumé et revendiqué par Jean-Yves Schillinger mais qui n'a absolument pas l'heur de plaire aux pisse-vinaigres et autres fâcheux allant jusqu'à l'insulter sur les réseaux sociaux, par mails et même appels téléphoniques. Des YakaYakapa lui ont suggéré de faire cela pour des personnes en EHPAD ou des sans-abris. Si ces crétins s'étaient un peu intéressés à l'histoire et à l'actu du chef ils auraient su par exemple qu'il a cuisiné au printemps pour des personnes en situation de précarité. Ils auraient aussi appris, que son père a été en 1995 "tué par trois petits jeunes, qui ont pris huit ans de prison" (sic). En fait Jean Schillinger est mort dans l'incendie de son restaurant. sinistre provoqué par des fils de bonne famille âgés alors d'une vingtaine d'années. En 2012, lors de l'incendie du restaurant "Aux Trois Poissons", grande maison colmarienne complètement dévastée par les flammes, Jean-Yves Schillinger ouvrit les portes de  son établissement aux naufragés de la nuit bouleversés par cette catastrophe qui toucha trois immeubles. 

          Associant esprit de résilence et actes de solidarité, cet homme ne s'est jamais laissé gagner par le venin de l'amertume. Quand il dit, à propos du repas servi à la maison d'Arrêt, avoir fait ça de bon coeur je le crois sans réserves et lorsqu'il affirme "Chacun a droit à une chance." (sic) je me dis que les imbéciles s'arrogeant le droit de le juger feraient bien d'en prendre de la graine (de chef). Thierry Marx, un autre chef de la même génération intervient lui aussi en milieu carcéral et s'investit activement dans la réinsertion. Mais lui, ces mal-comprenants n'ont pas idée de l'attaquer car l'envergure de sa personnalité médiatique les cloue au sol comme de pauvres merdes. Alors Jean-Yves, le temps que passe cette furie justicière, rappele-toi ce savoureux aphorisme courtelinesque : "Passer pour un idiot aux yeux d'un imbécile est une volupté de fin gourmet.". So, e' Güeter Kàmeràd !               

Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.


Jn-Mc



 Source Illustration : Fcbk Phil Umbdenstock

dimanche 18 novembre 2018

Tant que les gueux se mettent sur la gueule...

Salut & Fraternité,

           Bon ben les gilets jaunes j'en ai plus d'un depuis des lustres, pas "parce que j'en ai toujours rêvé" et cela bien avant le 01/01/2016, même si ça fait longtemps que j'ai vendu mon deux roues motorisé pour revenir au bon vieux vélo. Mais en deux roues non motorisé cet accessoires devient de plus en plus nécessaire en regard du nombre croissant de pilotes de véhicules motorisés confondant cyclistes et lapins artificiels de cynodromes. Quand, c'est bien trop souvent le cas, il n'arrive pas que nous n'ayons pas à leurs yeux plus d'importance qu'un simple panneau de signalisation routière vu qu'une fois le permis en poche le code de la route est aussi vite oublié qu'une antisèche de bachotage !  

          Mais depuis peu je possède, heureux homme que je suis maintenant, un gilet o-ran-ge. Oui, un gilet orange car quand je ne roule pas à vélo mais bats la campagne à pinces (pas à vélo) il me faut maintenant me protéger d'une espèce encore plus prédatrice que les pilotes de véhicules motorisés. Vous savez ceux qu'on reconnaît au fait qu'ils sont les seuls à porter un gilet fluo avec une tenue de camouflage. Ben ouais, comme le petit président non seulement leur réduit de moitié le coût du permis de tuer mais en plus les institue miliciens, cette espèce va inévitablement proliférer dans un espace non-urbanisé se réduisant comme peau de chagrin. Il devient alors aisé d'imaginer les dégâts à venir... 

          Donc gilet jaune pour prévenir les fangios et gilet orange pour se prémunir les tartarins. Sauf que depuis quelques semaines, il y en a plein d'autres, potentiels fangios pour la plupart et de surcroît tartarins pour certains, qui agitent les gilets fluo, pour annoncer l'ouverture de la chasse au Manu, oui au Manu et pas au Dahu, quoi qu'en partant chasser le Manu ils se retrouvent aussi bredouilles qu'après une chasse au Dahu. Ben ouais quoi, c'est pas les ronds-points qu'il faut bloquer mais les lignes de production ! Je sais bien que la grève générale ne se décrète pas, mais elle se construit et s'organise, avec l'appui de gilets et drapeaux rouges, faut-il encore le préciser ! Il rigole bien maintenant le Manu et peut danser la Valls avec son homonyme nid-de-gauche-nie-de-gauche.

          Plus de quatre cent victimes dont une envoyée ad patres dans un barrage non-filtrant mais peut-être infiltré :  si une manifestation organisée par les syndicats se soldait par un tel bilan la plupart des médias et le pouvoir se déchaîneraient. Mais là non, personne ne s'indigne vraiment de cette odieuse prise d'otage dont sont victimes les usagers de la route alors qu'ils suffit d'une grève des cheminots pour que l'entrave à la liberté d'aller et de venir soit dénoncée à qui mieux mieux par tous les commentateurs. Pourtant, ils s'arrêtent juste de travailler après avoir déposé un préavis conformément à la loi. Visiblement ça ne surprend personne que des manifestations non-déclarées en préfecture pour la plupart, provoquant de réelles entraves à la circulation pour certaines, soient aussi mollement réprimées alors que les Anti-GCO, pour ne citer qu'eux, font l'objet de violences d'État quasi quotidiennes ? Quand les gens, tous les gens et pas que les mélencholâtres, auront enfin pigé que le pouvoir actuel, mis en place et soutenu par les puissances d'argent, a intérêt à ce qu'ils s'entretuent, peut-être passeront-ils à une autre forme d'action. C'est l'économie qu'il faut bloquer et les principaux lieux du pouvoir qu'il faut assiéger tout en s'inscrivant dans la durée. Tant que les gueux se mettent joyeusement sur la gueule Manu-Imperatox-Rex peut dormir tranquille et ses godillots de l'Assemblée Nationale faire des claquettes en suivant le tempo qu'il impulse...     

Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.

Jn-Mc

 Source Illustration : reperes. media