Place au Peuple

lundi 26 novembre 2018

De la tragédie du Gilet Jaune...

Salut & Fraternité,

          D'abord dédaignés par nombre de médias, ensuite questionnés et maintenant courtisés les Gilets Jaunes sont désormais à la une. D'aucuns pensent que cette ascension est due aux mobilisations des 17 et 24 Novembre, véritables démonstrations de force visant à mettre le pouvoir à genou. Après les Actes I et II viendra l'Acte III ont-ils déjà annoncé. Si l'on se réfère à la littérature, la tragédie qui s'est calée sur un schéma en trois actes à la Renaissance est allée jusqu'à cinq aux siècles suivants. Acte I : exposition de la situation et des personnages. Ça c'était le 17/11. Acte II : apparition de l'élément perturbateur. Ça c'était le 24/11. Acte III : recherche par les protagonistes d'une toujours possible solution au drame. Ça ça pourrait se jouer à partir du 27/11 mais vu le tweet du Méprisant de la République il faudrait vraiment un coup de théâtre pour retourner la situation. Restent les deux actes suivants. Acte IV : impossibilité pour les protagonistes d'échapper à leurs destins, l'action se nouant définitivement. Acte V : dénouement entraînant la mort d'un ou de plusieurs protagonistes. Quelle sera l'issue de ce mouvement que certains envisagent de poursuivre au delà des fêtes de fin d'année et d'autres s'apprêtent récupérer comme un cadeau de Noël tombant du ciel à la manière du bouquet de la mariée tandis qu'à cette heure ils misent déjà en douce sur la jarretière ?

          Des intellectuels pas piqués des vers ont déjà théorisé sur ce mouvement qui d'ici peu fera l'objet d'études politico-sociologiques de niveau universitaire. Moi qui suis un peu bourrin genre Comtois je vois d'abord de braves gens qui, entre nous soit dit ont manqué maintes occasions de se mobiliser auparavant pour préserver notre modèle social, se retrouvent aujourd'hui embringués dans un mouvement ayant pour revendications phares la démission du pouvoir et la réduction de la pression fiscale. Je sais bien que la liste est longue et que certains ont même remis au goût du jour les Cahiers de Doléances. Toujours est-il que je n'ai entendu jusqu'ici que très peu de remise en question franche du système capitaliste à l'origine de tous les problèmes listés. Système grâce auquel un parfait inconnu jusqu'à son arrivée dans les cabinets ministériels de Hollandie a réussi en un tournemain à se hisser au sommet de l'État. Par ailleurs, certains leaders du mouvement sont tout de même très marqués droite dure et extrême-droite. Alors quand j'entends ce matin un certain Cauchy annoncer que le mouvement en recherche de portes-parole va se doter de représentants désignés et donc non-élus je me dis, bourrin que je suis : "Voilà comment un mouvement populaire est barboté au peuple, au profit d'immondes populistes.". L'extrême-droite use de la démocratie pour accéder au pouvoir puis, une fois installée, prend bien soin de la bâillonner. Refaire des élections : oui. Amener au pouvoir la médaillée d'argent du second tour 2017 et sa  bande de longs-couteaux : non ! Pas plus que le Number Four d'ailleurs qui, au demeurant infiniment moins dangereux que la Châtelaine de Montretout ,ne sera pas plus démocrate s'il persiste à s'isoler dans son actuel état d'esprit.

          En regard des derniers événements, il y a fort à parier que nous passions de l'Acte II à l'Acte IV sans aucune transition et pour les fêtes se jouera l'Acte V, sans que le seul, unique et vrai responsable de tout cela ne soit appelé à comparaître à la barre. L'immense majorité des Gilets Jaunes se seront, le cas échéant, fait rouler dans la farine et les plus fidèles serviteurs du capitalismes se verront récompensés au centuple pour avoir renvoyé le Golden Boy  Élyséen à ses chères études et installé enfin dans ce pays un régime stable façon Bolso qui permettra à l'économie virtuelle de connaître une embellie au détriment du monde réel. Mais le réel, paradoxalement, tout le monde s'en fiche malgré les revendications concrètes affichées car depuis des semaines seuls les ressorts de l'imaginaire bisounours et les fantasmes de l'apolitisme fonctionnent à plein rendement. Quand Brecht parlait des analphabètes politiques, il s'adressait aussi à ceux qui, se disant apolitiques, pensent faire l'économie d'une réflexion politique alors que d'autres se chargent de réfléchir pour eux... 


Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.


Jn-Mc

 Source Illustration : Renaud Favier


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