Place au Peuple

jeudi 20 avril 2017

L'air de rien, le chat veille sur nous...


Salut & Fraternité,


         En ces temps de campagne(s) volant parfois au ras des pâquerettes, prendre un peu de distance et de hauteur en regard d'un certain obscurantisme ambiant ne nuit assurément pas et contribue peut être à nous donner ce supplément d'âme dont nous avons tous besoin. Ainsi, dans un tout autre registre et à l'exact opposé de "J'ai peur...", texte d'Édouard Winterhalter publié le mois dernier, je vous invite à (re)lire l'article de Magali Jauffret paru dans l'Humanité le 13/12/1993.

Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.

Jn-Mc


L'air de rien, le chat veille sur nous

         Avec quelque sept millions d'individus, la population féline est en train de rattraper la population des chiens, jusque-là plus nombreuse. Aux traditionnels «gens à chats» d'ordinaire représentés par les intellectuels, les artistes et les travailleurs sociaux, s'ajoutent maintenant les solitaires des grandes villes qui se choisissent souvent un chat comme substitut à leur manque d'enfant ou de partenaire.
         Car le chat si réputé pour son indépendance, et qui a l'art de partager notre vie sans que l'on ait l'impression qu'il nous gêne, veille en fait sur nous. Jamais il ne nous perd de vue. Toujours il ressent nos états d'âme, les plus imperceptibles de nos changements d'humeur. Il est au courant de tout ce qui se passe dans une maison. Il en est l'âme, la présence.
         Quel bonheur de cohabiter avec un chat ! Qui, mieux que lui, vous donne l'impression, lorsqu'il vous approche, que c'est parce qu'il vous a choisi ? Lorsqu'il vient se lover sur vous, c'est un honneur qu'il vous fait. Lorsqu'il s'installe à votre portée, tout alangui, à la recherche d'un câlin, c'est parce qu'il sait que les vôtres sont ceux qui le font davantage vibrer, davantage ronronner. C'est donc un hommage. Lorsqu'il se prélasse langoureusement devant vous, ventre en l'air, pattes écartées, c'est qu'il s'abandonne parce qu'il vous fait confiance. Je ne connais rien de plus gratifiant pour l'homme que la reconnaissance du chat. Pas la reconnaissance du ventre, non ! La reconnaissance d'une sorte de plaisir partagé qui fait dire de ces bêtes qu'elles sont finalement le miroir de leurs maîtres.
         Le chat est le compagnon idéal de celui qui écrit. Il est si jaloux, alors, de ne plus capter l'attention, de ne plus subjuguer, fasciner, qu'il se vautre sur les pages, que l'énigme de son regard qui vous sonde, qui ne vous quitte plus vous plonge dans des abîmes de réflexion.
         Un chat, ce n'est plus que très rarement un prédateur de rats et de souris. C'est bien plus que cela. C'est la sagesse, la philosophie de toute une espèce, rassemblée, incarnée dans une bête. C'est un animal domestique qui ne s'est laissé ni dompter, ni dégénérer, ni assagir, qui garde une beauté sauvage, une grâce et une élégance intactes, surtout lorsqu'il est bâtard et qui semble avoir été inventé pour donner à l'homme l'impression qu'il caresse un tigre. Cet animal est aussi, lorsqu'il s'endort, lorsqu'il s'étire, lorsqu'il roucoule des ronrons, un vrai remède contre le stress. Et puis, le chat ne représente-t-il pas une sorte de détachement par rapport au pouvoir, le contraire du chien censé incarner l'ordre ? - D'ailleurs existe-t-il des chats policiers ?
Magali Jauffret

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