Salut & Fraternité,
Rédigé par trois chercheurs strasbourgeois, "Métier : député" ce petit ouvrage de 152 pages n'est pas une énième diatribe contre la professionnalisation de la politique mais une étude scientifique partant d'une enquête réalisée à l'Assemblée Nationale. Comparé aux années 1970 deux fois plus d'élus sont des salariés de la politique depuis leur plus jeune âge au point de pouvoir qualifier leurs parcours de carrières.
Aujourd'hui, 33% des élus à l'Assemblée Nationale (Mandature de 2012) ont suivi un cursus de professionnalisation contrairement à 1978 où ils étaient 14%. Par cursus de professionnalisation entendez collaborateurs d'élus, permanents de partis, membres de cabinets ministériels). De fait, en 1978, les députés élus avaient en moyenne passé 6 ans en politique avant d'entrer au Palais-Bourbon contre 12 aujourd'hui et le nombre de ceux n'ayant aucune expérience préalable s'est effondré. Ainsi les sortants sont-ils très attachés à leurs mandats qui constituent leurs gagne-pain en quelque sorte. "On préfère faire des concessions plutôt que de céder sa place chèrement acquise." commente Étienne Ollion coauteur de l'enquête. Ce qui signifie en clair une désidéologisation d'abord rampante puis triomphante. Mettant de plus en plus de temps pour obtenir son mandat de député et passant ce temps dans les réseaux professionnels de la politique, l'élu s'éloigne toujours plus du peuple et de la réalité du quotidien de la majorité de ses concitoyens.
Ne s'arrêtant pas à ce constat, les auteurs puisent dans d'autres expériences de possibles solutions en vue d'un véritable renouvellement du personnel politique. Nuit Debout, Podemos sont cités en exemples. Cependant ce désir de renouvellement est aussi instrumentalisé par des individus dont les ambitions ne vont pas dans le sens de l'intérêt général comme en témoignent les résultats des dernières présidentielles aux USA et en France. L'interdiction du cumul des mandats locaux et nationaux, la limitation de cumuls de mandats dans le temps, le tirage au sort peuvent apporter des éléments de solutions mais plus encore que les individus c'est les pratiques qu'il importe de changer et l'organisation des pouvoirs. Par ailleurs des candidats labellisés "société civile" ont un parcours politique de collaborateurs d'élus et le fonctionnement institutionnel actuel de la 5ème République soumettant largement l'Assemblée Nationale au Gouvernement ne facilite pas aux députés le rôle de contre-pouvoir. De plus des élus totalement novices, pour ainsi dire tombés du ciel, étant plus facilement manipulables que les pros il apparaît à mon sens nécessaire de faire entrer le peuple à l'Assemblée Nationale par le biais des militants politiques, syndicaux et associatifs c'est à dire celles et ceux qui donnent de leur temps libre, ne retirent aucun bénéfices pécuniaires de leurs engagements et même les payent très largement de leurs personnes...
Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.
Jn-Mc
Source Illustration : Raison d'Agir
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