Place au Peuple

samedi 13 mai 2017

Il est toujours l'heure de l'Ur-fascisme.

Salut & Fraternité,


            Revenant à ses souvenirs d'enfance dans l'Italie mussolinienne, le sémiologue et écrivain  Umberto Eco (1932-2016) détaillait en 1995, lors d'un discours prononcé à l'Université de Columbia (New York) les signes caractéristique du fascisme. Édité sous forme d'opuscule par Grasset, ce texte devrait, avec "Matin Brun" de Franck Pavloff, être diffusé à grande échelle et faire partie des incontournables de l'enseignement secondaire. "Reconnaître le fascisme", explique en une cinquantaine de pages une analyse les ressorts du fascisme et ses mécanismes d'emprise sur la société. Totalitarisme ne disant jamais son nom, le fascisme peut prendre plusieurs formes mais procède toujours d'une même origine qu'Umberto Eco nomme Ur-fascisme le fascisme primitif et éternel. 

          Le flou anti-artistique et l'escroquerie pseudo-intellectuelle contribuant à la montée des fascismes contemporains sont parfaitement décrits par l'auteur : "Ce serait tellement plus confortable si quelqu'un s'avançait pour dire "Je veux rouvrir Auschwitz, je veux que les chemises noires reviennent parader dans les rues italiennes !". Hélas, la vie n'est pas aussi simple. l'Ur-fascisme est susceptible de revenir sous les apparences les plus innocentes. Notre devoir est de le démasquer, de montrer du doigt chacune de ses nouvelles formes, chaque jour, dans chaque partie du monde.". A l'instar de tous les mouvements sectaires, le fascisme ne vient jamais frapper à la porte en déclinant sa véritable identité et en présentant son vrai CV. Ses prédicateurs cherchent à toucher en chacun de nous les modes de fonctionnement les plus archaïques, ceux que l'humanisme le plus élémentaire a tôt fait de balayer. Encore faut-il qu'il y ait préalablement éducation, enseignement et culture humanistes, ce qui dans notre société ultra-consumériste et hyper-individualiste n'est, pour le plus grand bonheur des puissances d'argent, malheureusement plus le cas. 

          Ce fascisme primitif et éternel se distingue par le culte de la tradition, le refus du modernisme, le culte de l'action pour elle-même, l'assimilation du désaccord à la trahison, la peur de la différence, l'appel aux classes moyennes frustrées, l'obsession du complot, la désignation d'ennemis à la fois trop faibles et trop forts, l'assimilation du pacifisme à une collusion avec l'ennemi, l'élitisme populaire, le culte de l'héroïsme façon "Viva la muerte !", le machisme franc ou dissimulé, le populisme qualitatif, l'usage permanent de la novlangue. Toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être fortuite...

Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.


 Jn-Mc


 Source Illustration : Éd. Grasset

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