Place au Peuple

dimanche 21 mai 2017

Les ASH sont plus que des femmes de ménage !

Salut & Fraternité,

         J'ai débuté ma carrière hospitalière par des jobs d'été en tant qu'Agent de Service Hospitalier (ASH) dans un service de radiologie en 1982 et 1983. La première année comme homme de l'ombre en chambre noire, un travail très technique et souvent très solitaire, l'année suivante comme homme toutes mains en échographie, un emploi aux multiples facettes techniques et relationnelles. C'est là que j'ai appris à travailler en équipe et à apprécier l'apport de chacun dans un collectif. Par la suite, au cours de mes études et durant mes premières années de pratique professionnelle en tant qu'infirmier, j'ai observé les divers aspects de la fonction d'ASH en unité de soins. Ce qui me conduit, en ces temps d'externalisation (cf "Quand l'hôpital rôtit le balai..." juste ici), à affirmer que les ASH, personnels essentiellement féminins, sont plus que des femmes de ménage.

          D'un point de vue purement technique et organisationnel, l'application pluriquotidienne de protocoles stricts relevant de l'hygiène hospitalière est un métier à part entière. Métier malheureusement pas valorisé par un diplôme mais métier tout de même car il relève de savoirs spécifiques d'un niveau supérieur aux savoirs et savoirs-faire des agents de propreté intervenant dans des multiples lieux non-hospitaliers. Les réductions de lits induisent un turn-over important ne permettant pas de laisser en attente jusqu'au lendemain les chambres libérées dans la journée. Il faut donc se donner les moyens de faire intervenir les ASH à n'importe quel moment dans l'amplitude horaire 06:30-20:30. Sans compter qu'une chambre peut parfois se trouver souillée en cours de journée et donc nécessiter l'intervention rapide des ASH. Il n'est, pour ces raisons, pas possible de planifier leur travail comme on peut le faire dans un hôtel.

          D'un point de vue plus largement humain et relationnel, les diverses interventions des ASH auprès des patients (ménage, repas, tisane, etc...) en font, pour l'équipe pluridisciplinaire, de précieux auxiliaires contribuant efficacement tant à la qualité de l'accueil des personnes soignées qu'à l'observation et à la surveillance de leurs troubles. Lors des échanges formels et informels avec les soignants durant tout le temps que dure leur poste, les ASH peuvent ainsi contribuer à la sécurité des usagers de l'hôpital, ce qui n'est pas la moindre des préoccupation des organes de direction dédiés à la qualité et aux relations avec la clientèle. Ainsi le rôle de ces professionnels peu diplômés mais hautement qualifiés est-il de première importance car couvrant plusieurs champs d'actions allant de l'accueil à la sécurité, ce qui n'est de loin pas à la portée de prestataires de services rémunérés à la tâche et donc faisant de l'abattage pour gagner misérablement leurs vies. Les ASH exercent un véritable métier tellement diversifié selon les lieux de soins où ils pratiquent qu'il est impensable de leur substituer des agents de propreté aux connaissances et  moyens d'action limités. Parce que le soin relève d'une approche globale, holistique diront certains, il doit prendre en compte autant la personne que son environnement et ne peut sans risques être pour certains aspects sous-traité à des prestataires de service. La personne soignée n'est pas un marché à conquérir et les soins ne sont pas cotables en bourse. Le service hospitalier public n'est pas une entreprise à démanteler au profit de sous-traitants toujours plus concurrentiels rognant sans cesse sur la qualité réelle de leurs prestations.  

Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.


Jn-Mc

 Source Illustration : Soskuld

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