Salut & Fraternité,
Que souhaiter et espérer de mieux pour 2019 si ce n'est du bonheur, encore et toujours plus de bonheur ? Loin du fameux slogan de 1989 du Club Med "Le bonheur, si je veux." nous voilà rendus trente en plus tard, grâce au travail de sape de la psychologie positive fondée en 1998 à quelque chose du genre "Le bonheur, si t'es cap'.". L'industrie du bonheur, que la sociologue Eva Illouz et le psychologue Edgar Cabanas appellent happycratie, a pris le contrôle de nos vies. Il faut penser positivement, savoir rebondir, 90% de notre bonheur dépend de facteurs personnels, tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort, etc... Combien de fois entendons-nous cette tourlitaine culpabilisante tout au long de l'année !
La psychologie positive est un parfait supplétif du capitalisme. Rabâcher aux gens que leur bonheur ne dépend que d'eux-mêmes, que les pires embûches sont à considérer comme de magnifiques opportunités revient à signifier qu'il n'y a pas de problèmes structurels, politiques et sociaux mais que des déficiences psychologiques individuelles pouvant être améliorées. Selon Eva Illouz, "La tyrannie du bonheur fait en effet peser sur l'individu tout le poids de son destin social.". Il revient à chacun de fabriquer son bonheur et s'il n'y parvient pas il en est pour l'essentiel responsable.
En 2017, lors de la réunion de l'Association Américaine de Psychologie (APA), Oksana Yakuschko, psychologue californienne affirmait : "On dit aux patients issus des minorités victimes de discriminations qu'il faut qu'ils mettent l'accent sur le positif. S'ils n'en sont pas capables, ils sont les artisans de leur malheur.". Encore plus intéressant car faisant écho au traitement médiatico-politique dont ici une partie de la population et notamment les Gilets Jaunes sont l'objet, elle précise "C'est la même chose pour les déplorables, les partisans de Donald Trump, dénoncés par Hillary Clinton : comme ils sont fâchés, ils sont sûrement racistes, il y a quelque chose de dérangé dans leur personnalité. Au lieu de s'intéresser à la vie des déplorables, on condamne leur colère." Et de conclure : "La psychologie de la positivité est vraiment une dictature quand elle prend trop de place."....
Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.
Jn-Mc
Source Illustration : k00Is
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