Place au Peuple

lundi 10 juillet 2017

Hey Mister Chairman, do you remember Christian Wulff ?

Salut & Fraternité,

          Elu au siège de Bundespräsident avec le soutien de Frau Merkel en juin 2010, Christian Wulff démissionnait en février 2012 suite à une série de révélations mettant en doute sa probité depuis décembre 2011. De quoi était-il question ? D'emplois fictifs, de costards taillés sur mesure et coûtant un bras, de soirées à Las Vegas ? Il avait tenté d'empêcher le Bild, quotidien lu par dix millions de personnes, de révéler qu'il était bien avant son élection bénéficiaire en 2008 d'un prêt immobilier de 500.000€ à un taux avantageux mais pas illégal. Le Parquet Fédéral de Berlin avait décidé sans délais de l'ouverture d'une enquête préliminaire suivi par le Parquet de Hanovre qui, après enquête préliminaire, demanda la levée de l'immunité parlementaire de ce Baron de la CDU, après quoi il démissionna dès le lendemain. Il lui était également reproché de s'être laissé régler sa note d'hôtel par le réalisateur David Groenewold lors d'un séjour d'agrément à l'Oktoberfest en compagnie de sa femme. Une affaire de  700€ qui fit grand bruit dans le Landerneau des Länder...

          Alors il ne s'agit surtout pas de dire qu'en Allemagne tout est beau, tout est mieux. D'un point de vue économique et social le modèle allemand est une véritable imposture. Par contre, pour ce qui est de la probité des élus, il n'est pas d'usage là bas de faire tout un tintamarre médiatico-comico-dramatique avec au final la montagne accouchant d'une souris. Dans les pays européens de culture anglo-saxonne il n'y a pas plus de place pour les corrompus que pour les soupçonnés de corruption. Le fait d'être l'objet d'une procédure suffit à se faire envoyer sur le banc de touche. Quant à la presse, même si elle est aussi majoritairement tenue par les riches, il n'est pas écrit dans son ADN qu'elle doit cirer les pompes des politiques et se coucher devant eux. Peut-être est-ce pour ça qu'il n'y a pas de Dîners du Siècle en Allemagne ?

          Le pompon, c'est que deux ans plus tard Christian Wulff a été relaxé. Mais politiquement il demeure sur le banc de touche. Mutti qui avait pesé de tout son poids afin de l'aider à devenir Bundespräsident n'a pas levé le petit doigt pour le soustraire tant à la tourmente médiatique qu'à la procédure judiciaire. Et au beau Royaume de France que se passe-t'il en ce moment ? Où en est-on au pays qui instaura la République dès 1789, guillotina son roi quatre ans plus tard pour en arriver via la Restauration et l'Empire à élire des monarques-présidents depuis 1958 ? Il y a dans notre pays beaucoup trop de Berlusconi qui se la coulent douce quand ils n'écopent pas de sanctions quasiment symboliques en regard des peines de prison ferme infligée à ceux qui volent pour manger. "Ah, mon bon monsieur, mais c'est de l'antiparlementarisme primaire tout cela ! Ne vous rendez-vous pas compte que vos propos font le lit de l'extrême droite ?" entends-je déjà minauder la bouche en cul de poule certaines personnes bien mises et bien propres sur elles. Refuser d'exiger l'exemplarité des élu(e)s dans un pays où on peut être licencié pour avoir mangé un morceau de fromage destiné à la poubelle n'est rien d'autre que de faire de ce pays une république bananière. Quant à l'extrême droite, avec son parti le plus poursuivi à forte raison et le plus condamné à juste titre, ça serait lui rendre un immense service que de renoncer à toute exigence d'exemplarité. Dans l'immédiat Mister Chairman a déclaré la guerre aux gagne-petit, multipliant écrans de fumée et contre-feux pour manoeuvrer en toute tranquillité. Mais cette tranquillité a un prix que le peuple peut aussi décider unilatéralement de payer...


Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.


Jn-Mc


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