Salut & Fraternité,
Dans Le Devoir du 31/05, incontournable quotidien québécois, les journalistes Jessica Nadeau et Catherine Drapeau soulevaient l'épineuse question de la délinquance sexuelle féminine, avançant qu'elle serait sous-estimée. Se référant aux travaux menés par la chercheuse Franca Cortoni de l'Université de Montréal basés sur une enquête menée durant deux ans sur les dossiers de la police et des tribunaux de douze pays dont la France, elles suscitent un questionnement propre à abattre certains stéréotypes dont celui prétendant que les femmes commettant des sévices sexuels seraient dirigées par leurs conjoints. Souvenons-nous du couple infernal Michel Fourniret - Monique Olivier. Or les travaux de Franca Contoni démontrent qu'aujourd'hui seulement un tiers des femmes coupables de délinquance sexuelles agissent avec leur conjoint et n'y sont pas nécessairement forcées.
Il ressort également de cette enquête que souvent ces femmes souffrent de troubles psychologiques causés par un vécu traumatique de victimes elles-mêmes. Des différences femmes - hommes apparaissent dans les comportements lors de l'agression et quant aux bénéfices attendus d'un tel acte. Plaidant pour une gestion sexo-spécifique des auteures d'agressions sexuelles la chercheuse se place aussi du côté des victimes en affirmant "Présentement, il y a des victimes qui ne sont pas reconnues et, franchement, comme société, on leur doit au moins ça.". Ceci notamment en référence aux données officielles disant que seulement 2% des crimes sexuels rapportés à la police sont commis par des femmes alors qu'en interrogeant les victimes sur le sexe de leur agresseur on arrive à 12%.
Si nous voulons vraiment que l'égalité femmes - hommes ne soit pas qu'un vague sujet de congrès bien ronflant ou un voeu pieux inlassablement renouvelé nous devons aborder la question dans toutes ses dimensions, dont celle-ci. Il ne s'agit pas de stigmatiser la violence féminine pour indirectement atténuer celle des hommes mais, tout simplement par souci d'humanité, de refuser tant les stéréotypes imbéciles que le non-dit mortifère. Passer ce sujet sous silence ne rendrait pas service à la cause des femmes qui, dans le cadre de ces agressions sexuelles, se trouvent tant du côté des proies que de celui des prédatrices.
Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.
Jn-Mc
Source Illustration : Le Devoir
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